19 février 2016

 

Les deux trous noirs à l'origine d'ondes gravitationnelles auraient pu se trouver à l'intérieur d'une étoile gigantesque

 
Les ondes gravitationnelles récemment détectées par LIGO ont bien été provoquées par la collision de deux trous noirs, chacun valant approximativement 30 masses solaires. Mais la violente éruption gamma qui a accompagné l'évènement ne cadre pas avec la théorie.

En effet, le télescope spatial Fermi de la Nasa (Fermi Gamma-ray Space Telescope), dédié à l'observation en rayons gamma, a détecté un violent sursaut exactement 0,4 seconde après l'évènement, provenant apparemment de la même source. Or, la théorie ne prévoit pas un tel sursaut gamma en association avec la collision de deux trous noirs isolés. Et bien qu'il n'ait pas encore été formellement établi que les deux signaux aient été provoqués par le même évènement, l'équipe de scientifiques en charge de Fermi a calculé que la probabilité d'une coïncidence est seulement de 0,0022.

"Notre signal ressemble fortement à un rayonnement gamma", annonce selon Valerie Connaughton, membre de l’équipe de Fermi. Et d'ajouter : "Et c’est un vrai problème, car il est impossible qu’ils proviennent de la fusion de trous noirs". L'astrophysicien Avi Loeb, de l'Université de Harvard, pense avoir élucidé le mystère, et déclare : "Vous pouvez avoir un rayonnement gamma provenant de trous noirs s’ils étaient enveloppés à l’intérieur d’une étoile très massive. On peut la comparer à une femme qui est enceinte de jumeaux. Quand les trous noirs ont fusionné, l’étoile s’est effondrée en déclenchant le sursaut de rayon gamma."

Deux trous noirs à l'intérieur d'une étoile gigantesque

Lorsqu'une étoile a épuisé son combustible nucléaire, son cœur n'est plus maintenu par la force de radiation de l'énergie qu'elle produit et elle commence à s'effondrer. Cette implosion est responsable de la dislocation des couches externes de l'étoile, tandis que son cœur voit sa densité augmenter dans d'énormes proportions, jusqu'à former un trou noir, et plus exactement un trou noir stellaire. Cependant, si l'étoile tournait très rapidement sur elle-même au moment de l'implosion, sa vitesse de rotation se serait encore considérablement augmentée par conservation du moment cinétique, et son cœur aurait pu s'étirer en se façonnant en une sorte d'haltère. Celle-ci se serait finalement brisée, en formant deux trous noirs qui, ensuite, seraient entrés en collision.

Or, la seule explication plausible au signal enregistré par Fermi serait de considérer que les deux trois noirs auraient été entourés par de la matière très dense au moment où ils sont entrés en collision, et selon le professeur Dan Maoz, de l'Université de Tel-Aviv en Israël, la solution la plus évidente est de les situer au sein même d'une étoile gigantesque.

Bien entendu, il ne s'agit à l'heure actuelle que d'une hypothèse et il est probable que d'autres scenarii soient encore proposés. Affaire à suivre donc.

Jean Etienne

Source :

Electromagnetic Counterparts to Black Hole Mergers Detected by LIGO (arXiv:1602.04735 [astro-ph.HE] - Avi Loeb, Harvard University).
 

 

 

 

 
 
 

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