Sous cette dénomination peu académique se
cache un astéroïde d'une trentaine de mètres de diamètre découvert
en 2013 par le Catalina Sky Survey. Le 5 mars prochain, il
s'écrasera sur Marseille. Enfin, selon les réseaux dits "sociaux"…
Le CNEOS (Center for Near Earth Objects Studies), centre de
la NASA dédié à l’étude des objets géocroiseurs (astéroïdes ou
comètes dont la trajectoire passe à proximité de la Terre), et le
Jet Propulsion Laboratory (JPL) ont annoncé qu’un astéroïde
allait nous "frôler" le 5 mars prochain. Ses dimensions réduites,
une trentaine de mètres de diamètre, sont à comparer aux vingt
mètres attribués au bolide qui avait provoqué des dégâts dans la
ville russe de Tcheliabinsk en février 2013. L'éclatement de
nombreuses vitres et la chute d'une toiture en zinc avait alors
provoqué quelques centaines de blessés, mais heureusement aucune
victime.
Pour un objet de 30 mètres de diamètre, l'énergie due à un impact
devrait être double. "Seulement" double pourrait-on dire, et c'est
peut-être pour cela que certains esprits ont remplacé, dans leurs
communications "de source sûre", mètres par kilomètres…
Car le problème est bien là. En notre ère que d'aucuns n'hésitent
pas à nommer "des communications", l'accès à l'information s'est
d'autant simplifié et amplifié que n'importe quelle personne, armée
d'un ordinateur, mais aussi d'une tablette ou d'un vulgaire
smartphone, peut lancer n'importe quelle rumeur. Et plus c'est gros,
mieux ça passe.
2013 TX68 et la Nasa
Repéré pour la première fois il y a trois ans, exactement le 6
octobre 2013 par le Catalina Sky Survey alors qu'il se trouvait 5,4
fois plus loin que la Lune, l'objet n'avait pu être observé que
durant un laps de temps très court de 3 jours en raison de sa petite
taille, une poussière dans le Système solaire… Aussi, son orbite
n'avait-elle pu être déterminée qu'avec une grande approximation, ce
qui fait que les prédictions à long terme sur sa position restent
incertaines.
Incertaines, mais pas inexistantes, et une extrapolation des mesures
effectuées alors avaient permis de déterminer que le 5 mars 2016,
l'astéroïde allait de nouveau croiser la Terre à une
distance de 14.000 à 14 millions de kilomètres, tandis que son
diamètre était évalué dans une fourchette de 23 à 52 mètres.
2013 TX68 et les réseaux sociaux
L'occasion était évidemment trop belle pour les réseaux sociaux, qui
se sont littéralement enflammés à l'approche de la date fatidique.
Ainsi, peut-on lire sur certains d'entre eux que l'astéroïde 2013
TX68 frappera la France le 5 mars 2016 à 13h58 TU, et que le point
d'impact sera la ville de Marseille, mais que l'onde de choc
détruira tout sur son passage jusqu'en Afrique du Nord.
Et pour encore accroître l'aspect scientifique de cette prédiction,
l'information a été agrémentée de fausses images, de déclarations de
pseudo-scientifiques et de mises en garde contre la désinformation
organisée par les média muselés par les autorités afin d'éviter de
provoquer la panique.
2013 TX68 et la réalité
Le communiqué original de la Nasa partait d'une bonne intention. Si
l'astéroïde s'approche réellement de notre planète à seulement
14.000 kilomètres, distance minimale théorique, il ne se passera
rien, mais ce sera l'occasion pour les astronomes amateurs de
l'observer, à condition toutefois de disposer d'un télescope
suffisamment puissant. De plus, les observations radar permettraient
d'en appréhender la structure, avec tous les bénéfices envisageables
sur l'étude et la compréhension de ce type d'objet.
Mais à l'instar du virus Ebola qui allait anéantir la moitié de
l'humanité ou des vaccins qui provoquent l'autisme, le passage de ce
rocher à une distance où il ne sera même pas observable à l'œil nu a
donné naissance aux pires fantasmes et aux pires élucubrations,
immédiatement pris au sérieux par certains. Et comme je vous le
disais plus haut, plus c'est gros, mieux ça passe…
Dernières estimations
Enfin, précisons que selon les dernières mesures effectuées le 11
février 2016, les dernières estimations prédisent un passage dans
une fourchette de 30.972 à 17.249.025 kilomètres, avec un pic de
probabilité à 4.994.052 kilomètres. Bref, il y a beaucoup de
chances... qu'on ne verra rien !
Jean Etienne
Pour en savoir plus :
Catalina Jet Survey
(Université d'Arizona).
Jet Propulsion Laboratory, Solar System Dynamics (Nasa).
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