Le premier réacteur basé sur la fusion
nucléaire sera-t-il chinois ? On pourrait le penser au vu de
l'exploit que viennent de réaliser les ingénieurs de l'Académie
Chinoise des Sciences, ouvrant la voie vers la production d'une
énergie pratiquement illimitée et non polluante.
Le 3 février dernier, le stellarator Wendelstein 7-X, construit par
l’institut Max-Planck de physique des plasmas (Allemagne),
réussissait à maintenir un plasma d'hydrogène à plus de 50 millions
de degrés pendant une durée record d'un quart de seconde, un
évènement qualifié d'importance capitale dans la course à la fusion
contrôlée. Il est vrai que cette expérience avait été déclenchée à
distance par la chancelière allemande Angela Merkel, depuis son
propre bureau, ce qui ajoutait une certaine aura à cette réussite.
Et d'annoncer qu'après la mi-mars, l'instrument devrait être
réaménagé et recevoir un "divertor", à l'instar des projets West et
Iter, permettant d'espérer atteindre une durée de confinement de
l'ordre de 10 secondes.
Trois jours plus tard, soit le 6 février, un communiqué paru dans
The Register, à paraître dans The Physical Review Letters, annonce
la réussite des scientifiques de l'Académie Chinoise des Sciences
(Chinese Academy of Sciences), en charge du projet EAST
(Experimental Advanced Superconducting Tokamak), du maintien d'un
plasma d'hydrogène à une température de 50 millions de degrés
durant… 102 secondes.
Un résultat qualifié d' "hallucinant" !
Ce résultat que certains n'hésitent pas à qualifier d'
"hallucinant", dont les enregistrements ont été rendus publics, a
été obtenu au moyen d'un dispositif de type tokamak à
supraconducteurs à Hefei, province de Anhui (Chine). La température
atteinte de 50 millions de degrés Celsius (90 millions de degrés
Fahrenheit), est à comparer à celle du noyau du Soleil, qui n'est
"que" de 15 millions de degrés Celsius (27 millions de degrés
Fahrenheit). Durant 102 secondes, le point le plus chaud du Système
solaire (et environs) s'est donc situé sur Terre !
Si cette expérience constitue une énorme avancée dans la recherche
sur la fusion nucléaire contrôlée, les scientifiques du programme
EAST insistent en précisant qu'il ne s'agit que d'un premier pas, et
qu'ils sont convaincus d'atteindre une température de 100 millions
de degrés durant 1000 secondes dans un proche avenir.
La Chine, qui se déclare "irritée" de la lenteur et des multiples
retards du projet international ITER (International Thermonuclear
Experimental Reactor), auquel elle participe et qui s'inscrit dans
une démarche à long terme visant à l'industrialisation de la fusion
nucléaire et à laquelle collaborent aussi l'Union européenne,
l'Inde, le Japon, la Russie, la Corée du Sud, les États-Unis et la
Suisse, espère que ce résultat apportera une aide précieuse
permettant son accélération… en dépit des multiples oppositions des
pays producteurs de pétrole.
La Chine, maître de l'énergie et du monde ?
Jusqu'à présent, le projet ITER, qui a englouti 14 milliards de
dollars depuis 1985 et qui devrait fonctionner en 2020, accumule
sept années de retard. La Chine deviendra-t-elle le principal
fournisseur d'énergie pour le reste de la planète ? Il ne serait pas
déraisonnable de le penser.
Jean Etienne
Sources principales :
That's cute, Germany – China shows the world how fusion is done
(The Register, 6 février 2016).
Experimental Advanced Superconducting Tokamak (EAST).
Institute of Plasma Physics
Chinese Academy of Sciences.
Institute of Plasma Physics
Chinese Academy of Sciences (en chinois).
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