Il y a des chances que non, et cette maladie
mentale pourrait passer pour un gag. Pourtant, les scientifiques
viennent, pour la première fois, d'analyser un cas dans le détail.
Les symptômes en sont aussi simples que caractéristiques : le
malade, qui se considère tout-à-fait normal, est persuadé que son
animal de compagnie lui a été subtilisé et échangé contre un
"double", chargé de l'espionner. En somme, une pathologie mentale
apparentée à la paranoïa…
Les résultats de cette étude, qui viennent d'être publiés dans la
très sérieuse revue Neurocase, concernent le cas d'un Américain âgé
de 71 ans, ancien joueur professionnel de hockey, et qui avait été
victime de nombreuses blessures au cours de la pratique de son
sport, lui ayant laissé de sévères séquelles d'ordre traumatologique
et psychique.
Lorsque ce patient a cessé de suivre le traitement qui lui avait été
prescrit pour son état, son psychisme a très mal réagi et il a
plongé dans la paranoïa. Il était alors convaincu qu'il était soumis
à une surveillance permanente de la part d'une mystérieuse autorité,
une phobie somme toute assez courant dans ce type de pathologie,
mais surtout, que des agents avaient échangé son chat contre une
réplique spécialement dressée pour participer à cette opération
imaginaire.
Un tel syndrome n'est pas inconnu des psychiatres. Il porte même un
nom : le syndrome du "double négatif", qui se caractérise par le
fait que le patient est persuadé que l'un de ses proches a été
soumis à une substitution. Quelquefois même, le malade est convaincu
que lui-même a été échangé contre un double, expliquant ainsi sa
mauvaise conduite.
Cependant, les cas de substitution imaginaire de son animal de
compagnie ne sont pas fréquents. On a déjà connu plusieurs
évènements liés à la substitution imaginaire de chats, de chiens et
d'oiseaux, mais c'est la première fois qu'un de ces cas a pu être
analysé au moyen de méthodes scientifiques rigoureuses, permettant
enfin aux chercheurs de mieux cerner et comprendre les liens
existant entre le délire et les problèmes dans le cerveau du malade.
Jean Etienne
Source principale :
“Cat-gras” delusion: a unique misidentification syndrome and a novel
explanation (Neurocase, DOI:10.1080/13554794.2015.1136335,
14 janvier 2016).
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