Notre intelligence est-elle déterminée par nos
gènes ? Cette question divise les chercheurs depuis des décennies et
reste encore en débats, même si de plus en plus de travaux semblent
indiquer que la génétique jouerait un rôle, au moins partiel, dans
nos capacités cognitives.
En 2011 déjà, une étude conduite à l'Université d'Edimbourg, en
écosse, et publiée dans la revue Molecular Psychiatry, démontrait
que l'intelligence serait le fruit de la participation de plusieurs
centaines, voire de plusieurs milliers de gènes, chacun apportant
une contribution infime dans la constitution de nos capacités
intellectuelles. Cette vaste recherche se basait sur l'étude
détaillée de près de 500.000 régions de l'ADN chez 3.511 personnes,
en se focalisant sur des séquences particulières qui ne présentent
qu'un seul changement de nucléotide.
Après mise en relation de ces résultats avec les performances
intellectuelles des sujets au moyen de deux types de tests, il avait
été établi que les variations des séquences d'ADN observées étaient
à l'origine de 40 % des différences portant sur la mémoire
instantanée, et de 51 % concernant la capacité de résolution de
problèmes de tests.
Puis en 2014, des chercheurs du King's College de Londres décidaient
de poursuivre cette étude, cette fois sur la base d'échantillons ADN
et de scanners IRM du cerveau de 1583 étudiants de 14 ans en bonne
santé. Ils constataient alors que les sujets qui présentaient un
certain variant d'un gène particulier se différentiaient par un
cortex cérébral moins épais au niveau du lobe frontal et temporal
gauche ; or, ceux-ci donnaient en général de moins bons résultats
que les autres aux tests d'intelligence.
2015, la recherche se précise
En décembre 2015, les généticiens de l'Imperial College de Londres
ont découvert deux codes génétiques chargé de réguler les capacités
intellectuelles de l'homme. Les résultats de leur recherche ont été
publiés dans le périodique britannique Nature Neuroscience.
Cette nouvelle découverte cible les codes M1 et M3, qui comprennent
environ 1.100 gènes. Ceux-ci jouent un rôle important dans
l'apparition et le développement de maladies comme l'épilepsie, la
schizophrénie et l'autisme. Les chercheurs impliqués ont acquis la
certitude que ces clusters sont contrôlés par des commutateurs
régulateurs principaux, qu'ils s'emploient actuellement à
identifier, ce qui ouvrirait la voie au traitement de certaines
maladies par la thérapie génique, et même à l'amélioration de
certaines fonctions cognitives.
"Nous savions que la génétique jouait un rôle majeur dans
l'intelligence, mais nous ne savions pas quels étaient les gènes
pertinents. Cette recherche a permis de découvrir quels gènes sont
impliqués dans l'intelligence humaine et comment ils sont liés les
uns avec les autres. Notre recherche suggère qu'il serait possible
de travailler avec ces gènes afin de modifier l'intelligence. Ce
n'est qu'une première étape sur une longue voie", dit Michael
Johnson, le directeur de la recherche.
Jean Etienne
Source principale :
Systems genetics identifies a convergent gene network for cognition
and neurodevelopmental disease (Nature Neuroscience, 21
décembre 2015, doi:10.1038/nn.4205).
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