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Dans l'idée que l'actuelle station spatiale
internationale (ISS) sera un jour trop vétuste pour être exploitée
en toute sécurité, l'ESA plaide en faveur de l'établissement d'un
audacieux "village lunaire" accessible pour les scientifiques de
toutes les nations, concrétisant ainsi le souhait de retourner sur
notre satellite après des décennies d'absence.
L'idée vient d'être défendue par le professeur Johann-Dietrich
Woerner, directeur général de l'ESA, devant le 66e Congrès
international d'astronautique (IAC) à Jérusalem. Les habitats et
laboratoires qu'il projette d'installer sur la Lune pourraient être
entièrement construit par des robots, sans intervention humaine sur
place, ce qui en limiterait considérablement le coût.
"L'expression 'Moon village' ne veut pas dire que l'on va
construire sur la Lune un village avec des écoles, des églises, des
maisons. C'est un concept qui prévoit une participation
internationale pour faire des missions diverses et variées sur la
Lune, peut-être sur sa face cachée", précise Franco Bonacina,
porte-parole de l'ESA, ajoutant que tous les équipements ne seraient
pas forcément au même endroit.
Johann-Dietrich Woerner, qui est aussi l'ancien directeur général de
la DLR, l'agence spatiale allemande, propose un début de réalisation
à l'horizon 2024, soit la date à laquelle l'ISS devra être
abandonnée et précipités dans l'atmosphère terrestre.
Selon Franco Bonacina, il est temps de décider ce que l'Homme devra
faire après cette étape importante, et ne pas laisser sans profit
les sommes d'expériences et de connaissances scientifiques qui
auront été acquises, y compris sur le plan humain, grâce à
l'exploitation de la station spatiale internationale. Raison pour
laquelle l'ESA propose de rassembler et de fédérer des idées autour
du satellite naturel de la Terre, qui a encore beaucoup à nous
apprendre.
Le directeur général de l'ESA, qui considère que l'Espace n'a pas de
frontières, veut permettre à tout le monde de contribuer à cet
ambitieux projet, y compris la Chine, qui ne participe pas à la
station spatiale mais conduit un programme ambitieux sur la Lune.
Le village lunaire
L'astrophysicien Bernard Foing, directeur du groupe international
d'exploration lunaire de l'Agence Spatiale Européenne et responsable
de la mission scientifique Smart 1 autour de la Lune en 2003,
prévoit d'abord la réalisation d'un village entièrement robotisé sur
notre satellite, précédant une occupation par l'Homme. Un jalon
important, selon le scientifique, sera la mission américaine Orion à
laquelle l'ESA collabore, et qui enverra quatre astronautes en
orbite autour de la Lune vers 2021/2023.
Actuellement, l'ESA travaille sur la mission russe Luna 27 qui
prévoit l'atterrissage d'une sonde automatique en 2020 afin
d'explorer les pôles de la Lune où des dépôts de glace ont été
découverts dans le sous-sol proche. Ces régions, assez bien
illuminées et offrant de bonnes possibilités de communication,
pourraient constituer un des meilleurs endroits pour établir une
base habitée.
"L'ESA est chargée de développer deux éléments, l'un pour aider à
faire un alunissage intelligent, l'autre pour analyser les
ressources et préparer de futures explorations", déclare Franco
Bonacina. "Si Luna 27 et Luna 28 - la mission russe suivante à
laquelle l'ESA a aussi prévu de participer - deviennent une réalité
très concrète, on pourra dire que ces deux missions font déjà partie
du village lunaire", annonce-t-il.
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En 2010, après
avoir exploité les données du radar Mini-SAR de la Nasa embarqué à
bord de la sonde indienne Chandrayaan-1, les scientifiques
annonçaient avoir découvert de la glace au fond d'une quarantaine de
petits cratères (diamètre compris entre 1,6 et 15 km) situés près du
pôle nord lunaire. "Bien que la quantité totale de glace dépende de
son épaisseur dans chaque cratère, on estime qu'il pourrait y avoir
au moins 600 millions de mètres cubes d'eau gelée", indique le
communiqué de la Nasa. |
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