Un groupe d’astronomes de l'Observatoire de
Paris conduite par Nicolas Biver a démontré que la comète Lovejoy
(C/2013 R1) émet dans l’espace du sucre et de l’alcool en quantité
considérable.
"La quantité d'alcool qui s'échappe chaque seconde des glaces de
Lovejoy correspond à celle contenue dans 500 bouteilles de vin",
a expliqué Nicolas Biver, chercheur au CNRS à l'Observatoire de
Paris.
Grâce au radiotélescope de 30 mètres de l'Institut de
radioastronomie millimétrique (IRAM)
situé dans la Sierra Nevada près de Grenade (Espagne), les
chercheurs ont pu sonder à distance l'atmosphère de la comète
Lovejoy. En tout, 21 molécules ont été identifiées, dont plusieurs
OCM, sigle définissant les molécules organiques complexes,
c'est-à-dire les molécules à base de carbone composées d'au moins
six atomes différents.
Les molécules identifiées, présentes dans la glace de la comète,
comprennent l'eau, des hydrocarbures simples, l'oxygène, le soufre
et l'azote, mais aussi l'alcool éthylique (C2H5OH) et un sucre, le
glycolaldéhyde (CH2OHCHO).
"La mise en évidence d'une complexité organique importante dans
le matériau cométaire est un pas essentiel vers une meilleure
compréhension des conditions qui prévalaient lors de l'apparition de
la vie sur Terre", précise Dominique Bockelée-Morvan, chercheur
CNRS à l'Observatoire de Paris et coauteure de l'étude.
Ces OCM peuvent faire partie de la matière à partir de laquelle
planétésimaux et, finalement, les planètes se sont formées. Les
comètes, qui représentent un échantillon parfaitement préservé du
matériau original ayant contribué à la formation du Système solaire,
constituent autant de fenêtres offrant une vision vers le disque
protoplanétaire primitif et apportent des informations précieuses
sur sa composition. La présence de ces OCM démontre que la formation
des étoiles s'accompagne d'une augmentation de la complexité
moléculaire de leur environnement.
"Il y a 3,8 milliards d’années, la Terre n’avait pas encore
d’océans lorsqu’elle a, avec d’autres planètes du système solaire,
été bombardée par une pluie de comètes et d’astéroïdes. Notre
découverte met au jour la présence de molécules de plus en plus
complexes dans les comètes. Elles ont certainement apporté sur notre
planète des éléments qui ont facilité l’apparition d’autres
molécules, bien plus complexes, comme l’ADN par exemple",
indique Nicolas Biver.
Jean Etienne
Source principale :
Ethyl alcohol and sugar in comet C/2014 Q2
(ScienceAdvances).
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