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Partenaires de longue date dans les activités
spatiales européennes, le
Cnes (Centre
National d'Etudes Spatiales) et l'Onera
(Office national d'études et de recherches aérospatiales), ont
décidé d'unir leurs efforts et leurs compétences afin d'étudier la
réalisation d'un premier étage de lanceur récupérable et
réutilisable.
Cette décision vient d'intervenir en application de l'accord-cadre
signé le 30 mars 2015 entre les deux organismes. La phase
préliminaire de l'étude a déjà démarré, et le projet comprend
principalement deux volets qui prévoient, d'une part une analyse du
système de lancement et de la phase de récupération du premier
étage, d'autre part la mise en œuvre de simulations numériques
d'aérothermodynamique, se basant notamment sur la plate-forme
logicielle de simulation de référence pour l'énergie et la
propulsion (Cedre) de l'Onera.
L'objectif principal du projet est de définir des solutions
techniques réalisables afin de rendre un premier étage de lanceur
capable de revenir en mode automatique à sa base de lancement. La
large expérience déjà acquise par le Cnes et l'Onera en matière de
conception de lanceurs, de véhicules hypersoniques et subsoniques
sera mobilisée, avec pour but final la réalisation d'un premier
étage de fusée, le plus coûteux, pouvant être récupéré et réutilisé
à plusieurs reprises.
Bruno Sainjon, Président-directeur général de l'Onera, annonce à ce
sujet : "Cette initiative, qui verra l'Onera mettre en œuvre ses
compétences pluridisciplinaires au côté du CNES pour contribuer à
définir et à évaluer les véhicules et systèmes aérospatiaux du
futur, s'inscrit pleinement dans la dynamique de renforcement des
liens entre nos deux organismes". De son côté, Jean-Yves Le
Gall, Président du Cnes, déclare que "Dans un contexte de
concurrence exacerbée, le Cnes et l'Onera ont décidé de mettre en
commun leurs compétences pour envisager la faisabilité de futurs
lanceurs réutilisables tirant le meilleur parti de la coopération
entre nos deux établissements".
Deux sociétés privées déjà en concurrence
Le "contexte de concurrence exacerbée" évoqué par Jean-Yves Le Gall
est pleinement justifié, car depuis un certain temps déjà,
l'américain SpaceX du milliardaire Elon Musk multiplie les tests
grandeur nature afin de récupérer le premier étage de son lanceur
Falcon 9 (projet dit "grasshopper", ou sauterelle en
anglais). De son côté, Airbus a déjà dévoilé son ambitieux projet
Adeline, visant à récupérer les moteurs non seulement du premier,
mais aussi du deuxième étage de la fusée Ariane en vue de leur
réutilisation.
Ces deux projets, tout comme celui de la coopération Cnes-Onera,
s'inscrivent dans une politique d'économie. Un doute subsiste
cependant : est-il possible de rendre, à court terme, c'est-à-dire
en vue d'une utilisation dans le courant de la prochaine décennie,
la récupération et la remise en état du lanceur moins coûteux que sa
réalisation en série, tout en tenant compte de l'amoindrissement des
performances entraîné par la surcharge des dispositifs nécessaires à
une telle opération ?
Jean Etienne
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