Des planètes dissemblables à notre Terre
pourraient cependant abriter la vie, selon une étude de l'Université
Catholique de Leuven (KUL), en Belgique.
La quête vers d'autres planètes potentiellement habitables nous
incite à imaginer d'autres Terres. Toutefois certaines exoplanètes
pourraient s'avérer être de meilleurs candidats que d'autres.
Véritables faiseurs de planètes virtuelles, des chercheurs de
l'Université catholique de Leuven en Belgique ont mis à jour de
nouvelles indications allant en ce sens. Au terme de 165 simulations
climatiques distinctes, ils ont pu démontrer que l'habitabilité
d'une exoplanète dépend de son système de vents. Leurs études
fourniront une aide précieuse aux futures missions de recherche de
planètes.
La plupart des exoplanètes orbitent autour d'étoiles relativement
petites que l'on appelle naines rouges. Etant donné que les naines
rouges sont considérablement plus froides que notre Soleil, seules
les planètes orbitant près de leur étoile sont suffisamment chaudes
pour abriter de l'eau liquide en surface. Ces planètes sont
potentiellement habitables et leur proximité vis-à-vis de leur
étoile hôte les rend plus faciles à détecter et à observer que
d'hypothétiques équivalentes de notre Terre, plus éloignées de leur
étoile. Par conséquent, ces planètes constituent d'excellents
candidats pour des études approfondies.
Les exoplanètes proches de leur étoile subissent néanmoins de forts
effets de marées, de sorte que, à l'instar de notre Lune vis à vis
de la Terre, elles présentent toujours la même face à leur soleil.
On les dit "liées par marées". Le fait que de telles planètes aient
un côté perpétuellement dans la lumière et l'autre dans la nuit ne
se traduit pas nécessairement par un climat brûlant d'un côté et
glacial de l'autre. Cela vient d'un système "d'air conditionné"
appelé circulation atmosphérique, c.-à-d. de larges mouvements de
masses d'air qui permettent de conserver des températures dans la
fourchette "habitable".Planètes
simulées en 3D
Trois chercheurs de l'Université catholique de Leuven, à savoir
Ludmila Carone et le Professeur Rony Keppens du Centre d'Etudes
Mathématiques des Plasma Astrophysiques et le Professeur Leen Decin
de l'Institut d'Astronomie, ont examiné avec une précision encore
jamais atteinte les climats possibles pour les planètes "liées par
marées". Leur étude repose sur des modèles 3D d'exoplanètes avec
différentes périodes de rotation (de 1 à 100 jours) et différentes
tailles (jusqu'à deux fois celle de la Terre). Ils ont découverts
que ces planètes rocheuses avaient trois types de climats possibles,
dont deux potentiellement habitables.
Sur les exoplanètes dont la période orbitale est inférieure à 12
jours, un 'jet stream' court en direction de l'est dans les couches
supérieures de l'atmosphère au niveau de l'équateur. Ce jet, connu
sous le nom de super-rotation, interfère avec la circulation
atmosphérique de sorte que le côté éclairé de la planète devient
trop chaud pour être habitable.
Des modèles plus avancés ont toutefois révélé deux alternatives.
Dans la première, deux jets plus faibles se forment à haute altitude
en direction de l'ouest. Dans l'autre, une faible super-rotation
existe mais se combine à deux jets de haute altitude. Ces systèmes
de vents n'interfèrent pas avec le système "d'air conditionné", de
sorte que les planètes restent potentiellement habitables, et donc
dignes de tout notre intérêt.
Ces résultats sont importants en vue de missions spatiales à venir.
En particulier, des chercheurs de l'Université catholique de Leuven
sont actuellement impliqués dans la préparation du télescope spatial
James Webb, le successeur du télescope spatial Hubble, que la NASA
lancera en 2018, ainsi que dans la mission européenne de recherche
d'exoplanète PLATO, prévue par l'Agence Spatiale Européenne pour
2024.
Cette étude n'aidera donc pas seulement à sélectionner les candidats
les plus prometteurs dans la "banlieue galactique" du Soleil. Elle
aidera aussi à éviter de se désintéresser trop vite de planètes
pourtant potentiellement habitables sous prétexte qu'elles
apparaissent trop dissemblables de notre Terre...
Source :
Connecting the dots II: phase changes in the climate dynamics of
tidally locked terrestrial exoplanets (Cornell University
Library).
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