Les romans et autres films d'anticipation des
années 50 nous l'ont prouvé : au XXIème siècle, nous allions vivre
dans un paradis terrestre, une société des loisirs où les maladies
et la faim dans le monde ont été éradiquées, tandis que les voyages
interplanétaires sont devenus banalités et que les voitures volantes
se déplaceraient au-dessus de rues parcourues de robots promenant le
chien.
Or, quinze ans après notre entrée dans ce XXIème siècle
paradisiaque, on ne rêve plus de conquérir l'espace mais de sauver
la planète, celle-ci produisant suffisamment de nourriture pour
alimenter 12 milliards d'individus alors que 10% des 7
milliards d'habitants meurent tout de même de faim après avoir vécu
dans des taudis.
"Tant que l'avenir a été imaginé par des ingénieurs et des
amateurs de technologie, il apparaissait idéal. On croyait que le
monde fonctionnait sur des gadgets", signalait Michel
Saint-Germain dans un livre sous le titre "L'avenir n'est plus ce
qu'il était", publié en 1993 chez Québec Amérique (aujourd'hui
épuisé). Ce livre était un répertoire des plus grands espoirs
suscités par l'avènement de la science moderne. Espoirs qui se sont
envolés au tournant des années 70.
En tête d'affiche des espoirs qui ne se sont jamais concrétisés,
notons la voiture volante (quelques exemplaires ont été construits,
mais il s'agissait plutôt d'avions aux ailes escamotables, dont une
bonne partie se sont écrasés), la planche à roulettes sans roulettes
qui flotte à 10 centimètres du sol (bientôt commercialisée, à
condition de pouvoir se payer le coûteux circuit à supraconducteurs
qui devra être obligatoirement installé sous l'engin), ou le robot
(forcément androïde) qui promène le chien. Non, "Retour dans le
Futur" (1989), ce n'était vraiment pas ça…
Bien sûr, certaines prévisions ont été réalisées. Des milliers
d'avions se trouvent en permanence dans le ciel, les drones
envahissent notre quotidien et l'alimentation lyophilisée rend
service aux restaurateurs. Mais personne, aujourd'hui, n'aurait
l'idée d'inviter ses amis à un dîner convivial de vitamines et
protéines en comprimés. Heureusement, la gastronomie n'a pas été
éradiquée par les chimistes, même si l'aspect a souvent tendance à
remplacer le goût pour certains aliments prétendus "naturels". Mais
c'est une autre histoire…
Autre grand absent du bestiaire technologique du film de 1989 : le
message texte. Les scénaristes avaient pronostiqué des télécopieurs
répartis dans toutes les pièces de la maison. Or, excepté pour un
usage professionnel (et encore…), ils ont pratiquement tous rejoint
le Minitel dans les oubliettes de l'Histoire. Par contre, les ados
d'aujourd'hui écrivent et reçoivent en moyenne (aux Etats-Unis) 167
textos par jour, sur un téléphone portable qui a été superbement
ignoré par les scénaristes et autres prévisionnistes de 1980 (1).
Quant au voyage dans le temps… Eh bien il a été réalisé, puisque
chaque année nous nous déplaçons de 365 jours dans le futur. Je vous
laisse méditer…
Jean Etienne
(1) Non, le "communicateur" de Star Trek
n'était pas un GSM malgré son aspect, mais un simple talkie-walkie.
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