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20 octobre 2015 |
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Une carte
interactive de la population mondiale des fourmis |
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L'Université de Hong Kong a mis en ligne la
première carte interactive montrant la répartition des différentes
espères de fourmis dans le monde entier, non seulement dans un but
scientifique, mais aussi afin de mettre en lumière le monde des
insectes et la richesse de la biodiversité.
La diminution de la biodiversité est une préoccupation majeure pour
les scientifiques. Par biodiversité s’entend la diversité au sein
d’une même espèce, entre les espèces et entre les écosystèmes
(diversité écologique). Divers indicateurs, comme le nombre
d’espèces différentes dans une région donnée, sont utilisés pour en
mesurer les différents aspects.
Actuellement, le rythme de changement et d’extinction des espèces
est des centaines de fois plus rapide que le rythme naturel
d’extinction. La majeure partie des écosystèmes de la planète ont
été profondément perturbés par les activités humaines, engendrant la
transformation voire la disparition de certains d’entre eux. A titre
d'exemple non exhaustif, 35 % des mangroves ont disparu de la
surface de la Terre au cours des vingt dernières années. L’érosion
de cette biodiversité est préoccupante car elle peut notamment avoir
un impact négatif sur la sécurité alimentaire, la vulnérabilité des
populations (avec notamment la multiplication des catastrophes
naturelles), la santé, la sécurité énergétique, l’accès aux matières
premières et bien d’autres aspects participant au bien-être humain.
Les fourmis, un bon outil pour aborder la question de la
biodiversité
Malgré cette inquiétude, la compréhension de la composition et de la
répartition géographique de la biodiversité mondiale reste encore
largement incomplète. Les scientifiques s’intéressant à celle-ci ont
beaucoup étudié la distribution des plantes, des mammifères et des
oiseaux mais le monde des insectes, regroupant pourtant plus de 1,1
millions d’espèces, reste encore assez méconnu, ce qui est
parfaitement illustré par l'absence de synthèse sur la répartition
mondiale des insectes.
Le chercheur français, Dr Benoit Guénard, professeur à la School
of Biological Sciences de la
University of Hong Kong (HKU) et Dr Evan Economo, du
Okinawa Institute of
Sciences and Technology (OIST) Graduate School ont
donc souhaité mettre en lumière ce monde des insectes. L’étude
simultanée de tous les insectes étant presque impossible, ils ont
choisi de se concentrer sur l’étude des fourmis, dont 15.000 espèces
sont actuellement répertoriées et décrites alors qu’il en resterait
à peu près autant à découvrir.
La place importante des fourmis dans les écosystèmes
Les fourmis présentent un véritable intérêt non seulement pour leur
abondance et leur diversité mais aussi parce qu’elles "occupent
une place très importante dans la plupart des écosystèmes",
comme l’indique le Dr Guénard.
Les fourmis moissonneuses (Messor barbarus), par exemple, sont
considérées comme des ingénieurs de l’écosystème car elles jouent un
rôle essentiel dans la fertilité du sol et l’organisation de la
végétation. En effet, lorsqu’elles vont chercher des graines pour se
nourrir, il n’est pas rare qu’elles en perdent en route. Elles
contribuent ainsi à la dissémination des espèces végétales. Le Dr
Thierry Dutoit, directeur de recherches en écologie à l’Institut
Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale
(IMBE) affirme que "Ces fourmis peuvent aller chercher des graines
jusqu’à 30 m de distance, et ce, plusieurs fois par jour".
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Fourmi
moissonneuses (Messor barbarus). |
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Cette propriété des fourmis a été notamment
utilisée avec succès par l’IMBE pour restaurer la steppe
méditerranéenne de deux sites de la plaine de Crau. Un de ces deux
sites avait été dégradé par une période d’arboriculture intensive.
L’autre avait été touché par une fuite d’hydrocarbures.
Par ailleurs, à New-York, les fourmis participent activement
au nettoyage des rues. En effet, une étude réalisée par des
chercheurs américains de l’Université de Caroline du Nord et publiée
dans la revue
Global Change biology, a démontré que les fourmis et plus
largement les arthropodes contribuent à consommer les restes de
nourriture dans la rue. Elles participent ainsi au nettoyage des
rues et font dans le même temps concurrence aux mammifères nuisibles
comme les rats, permettant de limiter leur accès à la nourriture et
donc leur prolifération.
Ce que révèle la carte interactive des fourmis
Dr Guénard et Dr Economo ont travaillé pendant quatre ans à
l’élaboration d’une carte interactive de la répartition mondiale des
fourmis. Cette carte en couleur, baptisée «
antsmap » et
consultable en ligne, donne l’emplacement des 15.000 espèces
répertoriées, dont 1.400 se trouvent dans l’Etat du Queensland en
Australie. Par ailleurs, cette carte révèle que le territoire de
Hong Kong compte 170 espèces de fourmis répertoriées, comme par
exemple la Pseudoneoponera rufipes capable de produire de la mousse
pour se défendre.
Les régions tropicales et subtropicales, dont Hong Kong fait partie,
abriteraient la majorité des espèces de la planète ; mais,
paradoxalement, elles font partie des régions les moins étudiées du
monde. À l’exception de quelques “points chauds” déjà répertoriés,
la plupart des régions tropicales terrestres ont un besoin pressant
d’exploration des insectes et notamment des fourmis. Compte tenu du
peu d’espèces déjà découvertes et de la pression croissante
qu’exercent l’urbanisation et l’agriculture sur l’habitat de ces
régions, ces études sont urgentes et nécessaires si l’on veut
pouvoir suivre l’évolution de la biodiversité. En effet, des
milliers d’espèces risquent de disparaître avant meme d’avoir été
observées et décrites, si aucune étude n’est rapidement menée. En
développant un nouvel outil comme « antmaps », l’équipe de recherche
aspire ainsi à favoriser l’exploration des espèces et leur
conservation.
Le Dr Guénard affirme découvrir et décrire de nouvelles formes de
vie chaque semaine. La carte sera donc actualisée au fur et à mesure
des découvertes. Dans ce but, l’équipe de recherche souhaite étendre
son étude à d’autres régions de Chine et d’Asie. En outre, le projet
« antsmap » pourra fournir des informations importantes sur la
distribution des espèces invasives et indésirables, la détection
précoce de celles-ci permettant un meilleur contrôle de leur
population et de leur prolifération.
Cette carte, si elle doit encore être complétée, peut dès à présent
permettre de mettre en place des plans de conservation des
différentes espèces de fourmis et d’avoir une meilleure connaissance
de leur rôle dans les écosystèmes.
Carte interactive
mondiale
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La carte
interactive mondiale permet de déterminer le nombre d'espèces de
fourmis présentes sur le sol d'un pays, mais aussi de les identifier
et d'obtenir de nombreux autres renseignements. Elle permet aussi, à
partir d'une espèce déterminée, de connaître sa répartition à
travers le monde. |
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