Il a déjà été observé que des variations rapides
de température peuvent induire de la fracturation à la surface des
petits corps du système solaire. Les auteurs proposent dans cet
article que le taux d’érosion de la surface de la comète, lié à
cette fracturation thermique, soit plus élevé dans le cou
qu’ailleurs. Cette fracturation du matériau de surface permet la
pénétration des radiations solaires plus en profondeur, ce qui
expliquerait pourquoi la région du cou révèle à l’analyse plus de
glace que les autres régions et pourquoi elle est la principale
source de gaz de la comète. Plus
généralement, ces résultats suggèrent que la fracturation par effet
thermique (formation du régolite) doit être beaucoup plus rapide à
la surface des corps sans atmosphère présentant des concavités
importantes (formation d’ombre) que ne le prévoient les estimations
actuellement disponibles.
L’eau, le carbone, l’azote terrestre ne seraient pas d’origine
cométaire
L’instrument ROSINA développé par une équipe internationale sous la
coordination de Kathrin Altwegg (Université de Berne, Suisse) et
embarqué à bord de la sonde ROSETTA, analyse ainsi la composition
des gaz de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko par spectrométrie de
masse. Cet instrument permet l'analyse élémentaire et isotopique de
ces gaz.
Les résultats montrent ainsi que la glace cométaire est riche en
deutérium, avec un rapport Deutérium/Hydrogène trois fois supérieur
à la valeur des océans terrestres, ce qui interdit une filiation
directe entre ce type de comète et l'eau terrestre.
Par ailleurs, pour la première fois un gaz rare, l'argon a été
détecté dans une coma cométaire, et ce, en grande quantité. Les gaz
rares sont importants en tant que traceurs de l'origine et de
l'évolution des atmosphères des planètes internes (Vénus la Terre et
Mars). Cette mesure d'argon confirme pleinement que les éléments
majeurs qui forment l'atmosphère terrestre et les océans (l'eau, le
carbone, et l'azote) ne peuvent provenir de comètes de type 67P, et
auraient été apportés par des astéroïdes riches en volatils. Par
contre, elles suggèrent qu'une fraction importante des gaz rares
sont d'origine cométaire.
Cet instrument a également mesuré en continu la composition de la
coma (H2O, CO2, CO, N2...) et a
montré son hétérogénéité chimique. Ces mesures permettent de mieux
connaître les conditions de formation de la glace cométaire, dont sa
température (autour de 30 à 40 K ou -243 à -233°C).
Source principale :
Rapid temperature changes and the early activity on comet
67P/Churyumov–Gerasimenko (The Astrophysical Journal Letters,
810 :L22).
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