Les climatologues ont démontré qu'une
combinaison de plusieurs facteurs et mécanismes ont provoqué le
brutal refroidissement climatique du Dryas récent, ce qui permet
d'avancer que les causes de déclenchement des périodes de
refroidissement intense sont bien plus complexes que ce qui avait
été perçu auparavant.
Le Dryas récent ou Dryas III est une période de 1.300 ans marquant
l'ultime oscillation froide du Tardiglaciaire ou l'ultime fin de la
dernière période glaciaire. Il est daté approximativement de 12.700
à 11.700 ans avant le présent, soit environ de 10.800 à 9.500 av.
J.-C. (après calibration des dates radio-carbone). Il suit une
période plus chaude dite interstade Bølling-Allerød et précède le
Préboréal qui marque le début de l'Holocène (-10.000 à nos jours).
Ce changement climatique soudain fournit un aperçu de la sensibilité
du système climatique face aux perturbations.
La cause première avancée par les scientifiques pour expliquer ce
phénomène était jusqu’à présent une décharge massive d’eau douce en
provenance du Lac préglaciaire Agassiz. Cela aurait eu pour effet de
perturber fortement la circulation océanique atlantique, provoquant
une réduction drastique du transport de chaleur par l’océan. Des
explications alternatives ont également été émises, telles qu’une
modification de la circulation atmosphérique ou une forte diminution
de l’irradiance solaire. Pourtant, selon le Pr Hans Renssen, aucune
de ces causes seule n’a pu provoquer le refroidissement observé et
ne fournit dès lors une réponse suffisante.
C’est avec la contribution d’une équipe du
Earth and
Life Institute de l’UCL composée de Aurélien Mairesse,
docteur en climatologie, Hugues Goosse, professeur et directeur de
recherche FRS-FNRS, et Pierre Mathiot, ex-chercheur post-doctorant,
que le professeur Renssen a mené sa recherche. Lors d’un séjour à
l’UCL, il a pu accéder à des outils permettant la quantification des
impacts des mécanismes proposés sur le climat et mettre en place le
design expérimental pour tester son idée initiale. Les hypothèses
ont ensuite été raffinées grâce à différentes simulations
contraintes par les reconstructions de température de surface
disponibles.
Pas une cause, mais un ensemble de facteurs
Suite aux différentes expériences de modélisation, l’équipe a
démontré la nécessité de recourir à un ensemble de mécanismes pour
simuler le Dryas récent : une circulation méridionale affaiblie dans
l’océan Atlantique, mais pas totalement à l’arrêt comme suggéré dans
des études précédentes, une diminution modérée de l’absorption des
rayonnements solaires (peut-être due à la présence de poussières
dans l’atmosphère), et une circulation atmosphérique altérée.
Les causes de déclenchement des périodes de refroidissement intense
sont donc bien plus complexes que ce qui avait été perçu auparavant.
Pour le Pr Hans Renssen, les études qui se concentrent sur la
réponse du système climatique aux perturbations doivent prendre
cette dimension de complexité en compte, afin de permettre d’aller
plus loin dans la compréhension des mécanismes liés à l’évolution du
climat.Source principale :
Multiple causes of the Younger Dryas cold period, Hans
Renssen, Aurélien Mairesse, Hugues Goosse, Pierre Mathiot, Oliver
Heiri, Didier M. Roche, Kerim H. Nisancioglu, et Paul J. Valdes.
Nature Geoscience, 12 octobre 2015, DOI : 10.1038/NGEO2557
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