Les caractéristiques uniques des mains et des
pieds d'Homo naledi, dont 1550 ossements ont été récemment mis à
jour en Afrique du Sud, suggèrent que cette espèce pourrait
constituer un chaînon manquant entre l'Australopithèque et l'ancêtre
d'Homo sapiens.
Grâce à l'étude de près de 150 os de mains provenant d'au moins 15
individus, dont une main droite d'adulte presque complète, Tracy
Kivell de l'Université de Kent, au Royaume-Uni, et ses collègues ont
mis en évidence un long pouce robuste et un poignet semblable à
celui des humains modernes, ce qui témoigne d'une saisie puissante
et de la capacité d'utiliser des outils de pierre. Mais les os de
ses doigts sont aussi plus longs et plus courbés, laissant penser
qu'Homo naledi s'en servait pour grimper aux arbres et s'y déplacer.
"Une combinaison unique qui n'a encore jamais été trouvée sur un
autre squelette humain", note Tracy Kivell dans un communiqué.
Autre particularité, Homo naledi utilisait des outils mais avait un
petit cerveau. Le volume endocrânien est ainsi compris entre 465 cm3
pour le plus faible et 560 cm3 pour le plus important, ce
qui correspond aux australopithèques, mais aussi à la variation
inférieure chez Homo habilis alors que le crâne 5 de Dmanissi,
attribué à Homo erectus, a un volume de 546 cm3. Malgré
cette petite taille, sa structure ressemble cependant aux crânes
appartenant aux premiers Homo. Les dents sont petites et primitives.
"Des informations intéressantes pour étudier les processus
mentaux nécessaires à la fabrication et à l'utilisation des outils",
précise la chercheuse.
"Le pied de l'Homo naledi est beaucoup plus évolué que les autres
parties de son corps, ses épaules, son crâne ou son bassin",
note William Harcourd-Smith. Les particularités de ses pieds,
additionnées à ses longs doigts et ses épaules proches de celles du
singe, dépeignent une créature qui était sans aucun doute bipède
mais aussi bonne grimpeuse. "Cette espèce va changer notre
manière de penser l'évolution humaine", conclut le scientifique.
Le paléontologue Lee Berger et ses collègues ont
découvert ces restes fossiles en 2013 dans les grottes de Rising
Star, à proximité de Johannesburg en Afrique du Sud, sur le site
archéologique du "Berceau de l'humanité" classé au patrimoine de
l'humanité par l'UNESCO. Les fossiles furent trouvés dans la Salle
de Dinaledi, située à environ trente mètres sous la surface du sol
et dont l'accès est étroit et difficilement praticable. La nouvelle
espèce d'hominidés a été baptisée Homo naledi, ce qui signifie
"homme étoile".
Homo naledi serait le plus ancien représentant des hominidés et le
descendant des australopithèques. Les scientifiques n'ont pas encore
réussi à déterminer l'âge des fossiles découverts en Afrique du Sud.
Cependant, une étude isotopique suggère un âge de 2,5 millions
d'années.
La présence d'un nombre de fossiles aussi
important concentré sur une petite surface suggère l'observation
d'un rite funéraire, malgré l'âge actuellement attribué à ces
hominidés. Cependant, Laurent Bruxelles, géologue à l'Inrap
(Institut national de recherches archéologiques préventives), émet
des doutes concernant la possibilité de faire passer des corps de
défunts à travers l'accès de taille réduite utilisé aujourd'hui par
l'équipe et envisage qu'une autre entrée, maintenant comblée, ait
existé anciennement.
Jean
Etienne
Sources principales :
The hand of Homo naledi (Nature Communications, 6 octobre 2015).
The foot of Homo naledi (Nature Communications, 6 octobre 2015).
Homo naledi, a new species of the genus Homo from the Dinaledi
Chamber, South Africa (ElifeSciences, 10 septembre 2015).
|