12 septembre 2015

 

Nouvelles images : Pluton encore plus complexe qu'on le pensait

 
Les nouvelles images de Pluton transmises en ce moment par la sonde New Horizons révèlent une étonnante variété de caractéristiques de surface qui surprennent les scientifiques en raison de leur étendue et de leur complexité.

"Pluton nous présente une diversité de reliefs et de processus de formation géologiques sans commune mesure ave tout ce que nous avons observé jusqu'ici dans le Système solaire", annonce Alain Stern, chercheur au Southwest Research Institute (SwRI), Boulder, Colorado. "Si cet aspect de la planète avait été imaginé par un artiste avant le survol, je l'aurais qualifié de fantaisiste. Mais c'est bien la réalité".

New Horizons a débuté l'envoi des images en haute résolution ainsi que de nombreuses autres données il y a une semaine. Rien que celles reçues dans les jours écoulés ont doublé la superficie que nous avions déjà détaillées au moment du survol, mais cette fois avec une précision de 400 mètres par pixel. Elles révèlent des structures aussi diverses que possible, des dunes, des écoulements de glace d'azote qui se déversent dans les plaines depuis les régions montagneuses, et même des réseaux de vallées qui paraissent avoir été sculptés par le matériau circulant sur la surface de Pluton.

Les images montrent aussi de vastes régions affichant un chaos montagneux rappelant les terrains perturbés que l'on rencontre sur Europa, un des satellites de Jupiter. "La surface de Pluton est au moins aussi complexe que celle de Mars", affirme Jeff Moore, responsable du département géologie, géophysique et imagerie de la mission New Horizons au Ames Research Center de la NASA à Moffett Field, Californie. "Ces montagnes qui s'enchevêtrent et qui semblent avoir été distribuées au hasard pourraient être constituées d'énormes blocs de glace d'eau flottant dans un vaste océan d'azote gelé dans la région communément appelée Sputnik Planum".

Beaucoup plus de cratères apparaissent dans les images nouvellement transmises, démontrant ainsi qu'il s'agit de zones plus anciennes contrastant avec les plaines gelées qui ne sont pas cratérisées. Un champ de dunes sombres semble apparaître, qui semblent avoir été sculptées par le vent. "S'il s'agit réellement de dunes, ce serait vraiment étrange, car aujourd'hui l'atmosphère de Pluton est extrêmement ténue", annonce William B. McKinnon, de l'Université de Washington, St. Louis. "Soit Pluton a possédé une atmosphère beaucoup plus dense dans le passé, soit un processus que nous ne comprenons pas est à l'œuvre sur la planète naine".

Les nouvelles images révèlent aussi que la brume atmosphérique qui recouvre Pluton est formée de couches beaucoup plus nombreuses que ce que les scientifiques avaient estimé, et qu'elle crée un effet de crépuscule qui illumine doucement le terrain plongé dans la nuit à proximité du terminateur, ce qui les rend visibles aux caméras de la sonde. "Ce bonus est un merveilleux cadeau que Pluton nous a fait. Maintenant, nous pouvons étudier la géologie sur un terrain que nous pensions ne pas vouvoir apercevoir", déclare John Spencer, du Southwest Research Institute.

La sonde New Horizons se trouve actuellement à plus de 5 milliards de kilomètres de la Terre, et a dépassé Pluton de 69 millions de kilomètres. Tous ses systèmes sont en parfait état de fonctionnement. La transmission complète des images et des données, en raison de l'énorme distance qui nous en sépare, prendra environ une année.

Jean Etienne

Crédit images : NASA / Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory / Southwest Research Institute.
 

 

 
Cette image est constituée de différentes vues de Pluton prises le 14 juillet 2015 depuis une distance de 80.000 kilomètres. En bas, la zone sombre et torturée nommée Cthulhu Regio contraste avec la plaine lisse et brillante située au-dessus appelée Sputnik Planum. Cliquer ici pour agrandir.
 
 
 

 
Cette mosaïque d'images prises depuis une distance de 80.000 kilomètres a été transmise du 5 au 7 septembre 2015 et est dominée par Sputnik Planum. La région couverte mesure 1600 kilomètres de base et la résolution est de 500 à 800 mètres par pixel. Cliquer ici pour agrandir.
 
 
 

 
Ce terrain accidenté se situe sur la bordure nord-ouest de Sputnik Planum. La résolution est de 800 mètres par pixel, et la distance de 80.000 kilomètres. Cliquer ici pour agrandir.
 
 
 

 
Cette vue de 350 kilomètres de largeur à la surface de Pluton illustre l'incroyable variation de la réflectivité de la surface et de la diversité des types de reliefs géologiques de la planète. Elle nous montre un terrain sombre et recouvert de cratères, d'autres zones plus lisses, non cratérisées et beaucoup plus récentes, des chaînes montagneuses et un énigmatique champ de crêtes alignées qui semblent être des dunes dont les scientifiques débattent encore de l'origine. La résolution est de 800 mètres par pixel. Cliquer ici pour agrandir.
 
 
 

 
Charon, le plus grand satellite de Pluton, est ici vu depuis une distance de 470.000 kilomètres. D'un diamètre de 1200 kilomètres, l'astre affiche une histoire géologique étonnamment complexe, où apparaît nettement une fracturation d'origine tectonique. Les plus petits cratères visibles mesurent 4,6 kilomètres de diamètre. Cliquer ici pour agrandir.
 
 
 

 
Cette vue du terminateur de Pluton montre de quelle façon la brume atmosphérique illumine des terrains qui devraient être invisibles, car plongés dans la nuit. La partie de droite a été traitée de façon à faire ressortir les détails faiblement éclairés de la topographie martienne. Cliquer ici pour agrandir.
 
 
 

 
16 heures après le survol, alors que New Horizons s'éloignait de Pluton et s'en trouvait à une distance de 770.000 kilomètres, une image en contre-jour en a révélé les différentes couches de brume qui entourent la planète. Le nord est en haut, et le Soleil se trouve derrière Pluton, vers la partie supérieure droite. A gauche, la version comprimée transmise peu de temps après la rencontre du 14 juillet. A droite, la version en haute résolution qui vient d'être reçue révèle un grand nombre de couches distinctes composant les brumes atmosphériques de la planète naine. Cliquer ici pour agrandir.
 

 

 
 
 

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