10 septembre 2015

 

La composition interne de Mercure révélée par l'influence de Jupiter !

 
Les premières mesures des mouvements de Mercure effectuées depuis une sonde spatiale révèlent de nouvelles données sur la composition interne de la planète la plus proche du Soleil, et de ses interactions avec les autres corps planétaires.

Contrairement à toutes les prévisions, Mercure ne tourne pas régulièrement autour de son axe, mais subit de nombreuses fluctuations de sa vitesse de rotation au cours d'un cycle de 88 jours, qui représente une année sur la planète. En effet, l'attraction gravitationnelle que notre étoile exerce sur Mercure accélère ou ralentit sa vitesse de rotation selon l'endroit où la planète se trouve le long de son orbite particulièrement elliptique, donc de sa distance au Soleil.

Les scientifiques peuvent utiliser les mesures de la rotation de Mercure et de ses librations afin d'en déduire des informations sur l'intérieur de la planète, annonce Alexander Stark, astrophysicien du German Aerospace Center à l'Institute of Planetary Research in Berlin, auteur de l'étude.

Messenger, septième mission du programme Discovery de la Nasa, était une sonde automatique qui est restée active en orbite autour de Mercure du 18 mars 2011 au 30 avril 2015, date à laquelle, carburant épuisé, elle a été volontairement précipitée à la surface de la planète où elle s'est écrasée. Avant cela, les scientifiques possédaient déjà des données assez précises sur les mouvements de Mercure, mais les nouvelles mesures fournies par la sonde durant les quatre années de sa mission, les premières prises depuis l'orbite, offrent une nouvelle façon de mesurer les oscillations de la planète. Et elles sont surprenantes.

Les prévisions bousculées

En effet, les nouvelles mesures révèlent que Mercure tourne sur son axe 9 secondes plus rapidement que ce qui avait été précédemment calculé. "Ce n'est pas une énorme différence, mais elle est tout-à-fait inattendue", déclare Jean-Luc Margot, astrophysicien de l'Université de Californie à Los Angeles et co-auteur de l'étude.

Neuf secondes, c'est très peu en effet si on les rapporte aux 88 jours d'une rotation complète, mais il faut savoir que Mercure, en résonnance avec le Soleil, tourne trois fois sur son axe lorsqu'elle accomplit deux révolutions autour de notre étoile. Une régularité de métronome, que ces 9 secondes de décalage suffisent à mettre à mal en révélant un comportement de rotation beaucoup plus complexe.

Selon les scientifiques, cette différence est à imputer à... Jupiter, et plus précisément à l'action que la force de gravitation de la planète géante exerce sur Mercure au cours de son orbite parcourue en 12 années autour du Soleil. En effet, cette force d'attraction est suffisante pour modifier presqu'insensiblement la distance entre Mercure et le Soleil, mais suffisamment pour avoir une légère influence sur son spin, c'est-à-dire sa vitesse de rotation. Cet effet pourrait être la cause de la légère augmentation de cette vitesse de rotation observée de Mercure sur son orbite durant l'étude, et aussi provoquer son ralentissement à d'autres moments. Si cette théorie se confirme, accélérations et ralentissements se compensent donc, et l'effet de résonnance est préservé !

Le ventre de Mercure

Ces nouvelles mesures apportent aussi de nouvelles connaissances sur la composition interne de la planète. Alors qu'elle parcourt son orbite elliptique en s'éloignant du Soleil, la vitesse de rotation de Mercure ralentit, avec un décalage de 460 mètres pour un point donné au niveau de l'équateur, décalage qui se compense automatiquement lorsque la planète se rapproche ensuite de notre étoile.

Mais cette valeur a aussi permis de modéliser l'intérieur de l'astre. En effet, les modèles simulés sur ordinateur montrent que cette différence de vitesse de rotation est deux fois plus importante que si la planète était entièrement solide. Cela confirme la théorie selon laquelle Mercure renferme un noyau solide entouré d'un manteau liquide en fusion puis d'une croûte solide, à l'instar de notre Terre. Or dans ce cas, les différentes couches ne sont pas verrouillées entre elles, rendant sa surface encore plus sensible aux influences extérieures. CQFD...

Jean Etienne

Source principale :

First MESSENGER orbital observations of mercury's librations (Geophysical research letter).

 

 

 
Mesures altimétriques de l'hémisphère nord de Mercure effectuées au moyen de l'altimètre laser de la sonde Messenger de la Nasa (rouge : maximum, bleu : minimum). Les scientifiques se sont basés sur ces données de très haute précision pour déterminer la vitesse de rotation de la planète. Crédit: NASA/Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory/Carnegie Institution of Washington/DLR
 

 

 
 
 

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