Pour la première fois de l'Histoire, le
premier étage d'un lanceur conventionnel a réussi un atterrissage au
sol après avoir parfaitement réussi sa mission. Un évènement d'une
importance et d'une portée considérables dans l'évolution du
transport spatial.
Le lanceur Falcon 9 de Space-X
a décollé comme prévu ce 22 décembre 2015 à 01h29 TU (02h29 de
Paris) depuis Cap Canaveral, emmenant sous sa coiffe pas moins de 11
satellites de communications pour le compte de la société
OrbComm, concurrente du
système Iridium et Globalstar, qui déploie actuellement un réseau de
communication Machine to Machine (M2M) et qui sera composé à terme
de 35 satellites disposés sur six plans orbitaux. Un retour en vol
après plusieurs mois à être clouée au sol suite à l'explosion de la
précédente mission, provoquée par une entretoise défectueuse…
Mais outre cet objectif, par ailleurs parfaitement réussi, devait
aussi avoir lieu la première tentative de récupération sur la terre
ferme du premier étage de la fusée, un objectif, quoi qu'annoncé
comme "secondaire", ne manquait pas d'ambition.
Dans la version récupérable du lanceur, le premier étage se sépare à
une altitude et à une vitesse légèrement plus faibles que dans la
version conventionnelle, afin de conserver suffisamment d'ergols
pour permettre de freiner et de stabiliser l'étage durant la
descente. Un train d'atterrissage quadripode est ajouté, ainsi que
des grilles faisant office de stabilisateurs, et un système de
guidage pour le calcul de la trajectoire de retour et l'arrivée au
sol en un point précis.
Après la séparation du premier étage, les moteurs de contrôle
d'attitude entrent en action afin de modifier l'assiette de l'engin
alors qu'il poursuit sa course sur une trajectoire balistique puis
chute librement vers le sol. Deux minutes plus tard, trois des neuf
moteurs sont remis en marche durant 30 secondes et commencent à
ralentir l'étage en le dirigeant vers son point de destination.
Encore deux minutes plus tard, les grilles de stabilisation entrent
en fonction, agissant comme des freins aérodynamiques et les moteurs
sont de nouveau rallumés afin de réduire la vitesse. Enfin, 30
secondes avant l'atterrissage, un seul des moteurs est mis à feu,
avec une poussée fortement modulée de façon à prendre contact avec
le sol à vitesse nulle tout en garantissant une verticalité parfaire
de l'ensemble. Le train d'atterrissage se déploie automatiquement
six secondes avant la prise de contact.
Récupération réussie !
Contrairement aux deux précédentes tentatives, qui avaient échoué,
la zone d'atterrissage se situait au sol, et non plus sur la surface
exigüe d'une barge en pleine mer. A 01h56, le premier étage du
lanceur se posait en douceur après une séquence de retour accomplie
sans le moindre problème, accomplissant ainsi une première
historique qui marquera certainement l'Histoire de la conquête
spatiale.
Si cette technologie de récupération réduit les performances du
lanceur en raison de la masse supplémentaire à embarquer, les
techniciens de Space X estiment toutefois que ce procédé
particulièrement économique de retour à la base même de lancement,
en épargnant les coûts prohibitifs d'une récupération en mer telle
que jadis pratiquée pour les accélérateurs de la navette spatiale,
sera à terme très rentable et constitue réellement la voie à suivre
pour le transport spatial du futur.
Jean
Etienne
Images : capture d'écran Space-X.
|