A 570 millions d'années-lumière, un corps
rocheux de grande taille se désagrège et plonge dans la fournaise de
son étoile, provoquant des éclipses en cascade.
"C'est tout simplement incroyable et personne n'avait encore
observé ce phénomène à ce jour", déclare Andrew Vanderburg,
chercheur au Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics
(CFA) aux États-Unis. "Nous assistons à la destruction d'un
système solaire en direct", ajoute Patrick Dufour, professeur au
Département de physique de l'Université de Montréal et chercheur à
l'Institut de recherche sur les exoplanètes (iREx).
Ce sont les étranges variations de luminosité de la naine blanche WD
1145+017, dans la constellation de la Vierge, qui ont intrigué
l'équipe d'astrophysiciens. Grâce aux données du télescope spatial
Kepler, spécialisé dans la détection d'exoplanètes par la méthode du
transit, les scientifiques pu mettre en évidence la présence de
plusieurs corps célestes rocheux. Ceux-ci sont vraisemblablement les
fragments d'un astéroïde tournant autour de l'étoile et en train de
se disloquer à une distance de 800.000 kilomètres, soit deux fois
seulement la distance de la Terre à la Lune, éclipsant son éclat
toutes les quatre heures et demie.
Faisant appel à un nombre important de télescopes terrestres dont
ils ont combiné les données, les chercheurs ont détecté les
signatures d'autres fragments de cet astéroïde, qui transitent tous
devant le disque de l'étoile dans les mêmes intervalles de temps.
Ces éclipses se distinguent par la forte atténuation de la lumière
de la naine blanche, qui atteint 40 %, un taux exceptionnel. De
plus, l'examen de la courbe de luminosité lors de ces éclipses
indique que l'objet pourrait ressembler à une comète. Combinés, ces
deux résultats laissent supposer la présence d'un important nuage de
poussière accompagnant les fragments de l'astéroïde, dont la masse
avoisinerait celle de Cérès, le plus important de notre propre
Système solaire, dont le diamètre est de l'ordre de 1000 kilomètres.
Les travaux de modélisation du professeur Dufour sur WD 1145+017 ont
également permis de déterminer la composition chimique de la
poussière d'astéroïde qui se dépose à la surface de l'étoile. "C'est
très analogue à la Terre. L'étude de tels objets pourra nous en
apprendre beaucoup sur la formation et la composition de planètes
rocheuses autour d'autres étoiles", annonce le chercheur.
La découverte confirme aussi une théorie de longue date sur les
sources de pollution des atmosphères de naines blanches par des
métaux. Ceux-ci ne proviennent pas de leur cœur, mais plutôt de la
présence d'une multitude de corps rocheux, qui perdent à chaque
rotation autour de l'orbite de l'étoile une partie de leur
poussière, ainsi que du disque de débris alors en orbite. "Il
existe maintenant un lien direct entre la pollution de l'atmosphère
des naines blanches par des métaux et l'évolution et la destruction
des planètes mineures telluriques", conclut Andrew Vanderburg.
Jean Etienne
Source principale :
A disintegrating minor planet transiting a white dwarf (Nature).
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