Un consortium italo-polonais vient d'obtenir
un financement de 1,2 million d'euros de la part du programme
Horizon 2020 de l'Union Européenne pour le projet ADR1EN, dont le
but est de concevoir et réaliser un filet destiné à capturer les
débris spatiaux en vue de les précipiter dans l'atmosphère.
Depuis le début de l'ère spatiale il y a plus de 50 ans, plus de
5000 fusées ont lancé environ 6300 tonnes de matériel dans l'espace.
Une grande partie se trouve encore en orbite. Non seulement des
satellites opérationnels, mais aussi des épaves ayant épuisé leur
carburant, incapables de manœuvrer, ou tout simplement en panne.
Tout cela forme une population de débris spatiaux avec les étages
supérieurs de fusées, des pièces perdues ainsi que des restes
d'explosions ou de collisions. Si les objets parcourant une orbite
de faible altitude, soit moins de 300 kilomètres, retombent assez
rapidement sur Terre, la majorité constitue une menace sérieuse pour
les missions en cours ou futures. Ainsi, la Station Spatiale
Internationale doit fréquemment manœuvrer afin de s'écarter de la
trajectoire de débris errants.
Les experts estiment qu'actuellement, 2700 satellites inactifs, mais
aussi 23.000 objets de plus de 5 cm tournent autour de notre
planète, et des projections montrent que leur nombre pourrait
augmenter exponentiellement si aucune action n'est menée. Il serait
nécessaire, selon eux, de construire de manière plus responsable les
futurs engins spatiaux, mais aussi de désorbiter 5 à 10 déchets
majeurs chaque année. L’ESA finance des recherches à ce propos par
le biais de l’initiative Clean Space.
ADR1EN est un des projets de cette initiative. Sous contrat avec
l’ESA, il consiste à développer une solution pour capturer les
déchets spatiaux nuisibles à l’aide d’un filet. Ces derniers peuvent
ensuite être entrainés vers l’atmosphère terrestre où ils se
désagrègeront. Des prototypes de filets ont été testés au début de
l’année en condition de microgravité dans des avions pouvant
effectuer des vols paraboliques. Ces essais se sont révélés très
positifs et ont confirmé que la capture à l’aide de filets à
l’avantage, par rapport à d’autres méthodes telles que le harponnage
où l’utilisation d’un bras robotisé, de s’adapter à la forme du
satellite et de pouvoir être mis en œuvre à une distance allant de
50 à 100 m de la cible.
La cible de la première mission de l'ADR pourrait être Envisat, un
satellite d'observation de l'ESA, inactif depuis 2012. D'une masse
de 8 tonnes, il mesure 26 mètres de long et parcourt une orbite
polaire à 770 kilomètres d'altitude; il s'agit aussi du plus gros
satellite civil de l'Histoire, et ne devrait retomber naturellement
sur Terre que dans environ 150 ans.
ADR1EN est mené par un
consortium de trois PME spécialisées dans la R&D en haute
technologie :
STAM (basée à Gênes,
coordonne le projet)
SKA Polska
(Varsovie)
OptiNav (Słupsk)
Thales Alenia Space est aussi un partenaire et sous-traitant du
projet. L’entreprise est intéressée par la technologie développée et
réalisera des tests sur le filet. Les 1,2 millions d'euros obtenus
serviront à couvrir environ 70% des coûts de développement. Ce coup
de pouce facilitera l’évolution du projet dont la commercialisation
est prévue pour 2017.
Jean Etienne
Voir aussi :
Want to snag a satellite ? Try a net (avec vidéo -
ESA).
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