16 novembre 2015

 

Premier pulsar gamma découvert dans une autre galaxie

 
Deux chercheurs du CNRS et du Goddard Space Center de la Nasa viennent de découvrir un nouveau pulsar cumulant les caractéristiques d'être à la fois le plus puissant jamais observé, et le premier jamais détecté dans une autre galaxie.

Situé à 163.000 années-lumière dans le Grand Nuage de Magellan, une des galaxies les plus proches de la nôtre, PSR J0540-6919 est le premier pulsar extragalactique connu, ce qui en fait aussi le plus éloigné. Et ce n'est pas tout, car c'est aussi celui qui émet le plus de rayons gamma.

L'intérêt de ce pulsar ne s'arrête pas là. Car il est aussi remarquablement jeune : environ 1000 ans, une étincelle à l'échelle de l'Univers, alors que la plupart des autres objets de ce type affichent un âge s'étalant dans une fourchette allant de 10.000 ans à plusieurs centaines de millions d'années. Pour un peu, nous aurions pu assister à sa naissance ! Bonjour bébé !

Qu'est-ce qu'un pulsar ?

Ces astres extraordinairement massifs sont les vestiges de certaines étoiles massives qui ont explosé en supernova, se transformant en étoiles à neutrons. Après s'être effondrés sur eux-mêmes, leur vitesse de rotation s'est considérablement accrue. Ainsi, PSR J0540-6919 effectue un tour sur lui-même tous les 50 millièmes de seconde. Cela engendre un puissant champ magnétique, ce qui induit la création de rayonnements de diverses fréquences (radio, lumière visible, rayons X et gamma) suite à des réactions encore mal comprises. Ce rayonnement parvient aux télescopes de manière pulsée, ce qui permet de déterminer la vitesse de rotation de l'astre.

A ce jour, environ 2500 pulsars ont été découverts, dont environ 160 par le Large Area Telescope (LAT) à bord du satellite Fermi de la Nasa, sensible dans le rayonnement gamma, auquel on doit la découverte de PSR J0540-6919.

Un travail de fourmi !

Une telle découverte n'a rien d'aisé. En effet, le signal émis depuis une distance de 163.000 années-lumière est faible, très faible. Il faut d'abord collecter suffisamment de photons pour le reconstituer, c'est ce que les astronomes font tous les jours lorsqu'ils enregistrent une image par une pause prolongée. Mais ici, la difficulté se corse car pour déterminer la fréquence du pulsar, il faut aussi classer ces photons par ordre d'arrivée afin de mettre en évidence la variation de luminosité. Dans le cas de PSR J0540-6919, cette observation s'est étalée sur… 75 mois, soit la totalité des données acquises par le satellite depuis sa mise en orbite, qu'il a fallu cumuler.

Les scientifiques ont cependant été aidés par l'extraordinaire puissance du pulsar. En effet, celui-ci dégage une intensité de 10 31 watts, soit 100.000 fois la luminosité du Soleil. Il s'agit aussi du plus puissant pulsar gamma connu, 20 fois plus lumineux que le pulsar du Crabe, qui détenait jusqu'à présent le record absolu.

Jean Etienne

Sources principales :

An extremely bright gamma-ray pulsar in the Large Magellanic Cloud, The Fermi LAT collaboration. Science, 13 novembre 2015. DOI : 10.1126/science.aac7400.

Fermi finds the first extragalactic gamma-ray pulsar (NASA's Goddard Space Flight Center).

 

 

 
Le Large Area Telescope du satellite Fermi de la Nasa a détecté le premier pulsar extragalactique gamma, PSR J0540-6919, à proximité de la Nébuleuse de la Tarentule (en haut au centre) de la région de formation d'étoiles du le Grand Nuage de Magellan, une galaxie satellite de notre Voie Lactée. Fermi a détecté un second pulsar (à droite) mais n'a pu encore définir sa fréquence de pulsation. La distance angulaire entre les pulsars correspond à environ la moitié de la taille apparente de la pleine Lune. Crédit : NASA's Goddard Space Flight Center.
 
 
 

 
Cartes du Grand Nuage de Magellan vu avec Fermi LAT. A gauche : intensité du rayonnement gamma dans une région de 10 degrés de côté comprenant le Grand Nuage de Magellan. Un agrandissement de la zone entourée de bleu est représenté dans la carte de droite, où l'on distingue deux sources d'émission gamma coïncidant avec des pulsars. Crédit : The Fermi LAT collaboration.
 

 

 
 
 

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