3 novembre 2015

 

Première lumière et premier succès pour le télescope spatial indien

 
Lancé le 28 septembre 2015 par une fusée PSLV, le satellite astronomique de l'ISRO (Organisation indienne pour la recherche spatiale) a effectué sa première observation le 28 octobre dernier à 06h30 TU.

D'une masse de 1600 kg dont 868 kg de charge utile, Astrosat (ASTROnomy SATellite), entièrement dédié à l'astronomie, est équipé de cinq instruments couvrant la lumière visible, le proche ultraviolet, l'ultraviolet lointain, les rayons X durs (longueur d'onde inférieure à 0,1-0,2 nm) et les rayons X mous (À l'inverse des rayons X durs, les rayons X mous sont facilement absorbés par une épaisseur millimétrique de matière solide.

La partie optique travaillant en rayonnement X est constituée de plusieurs ensembles comprenant un total de 320 miroirs cylindriques concentriques réfléchissant le rayonnement en incidence rasante, construits et assemblés au département d'astronomie et d'astrophysique de l'institut Tata de recherche fondamentale (TIFR), à Mumbai (Inde).

Les télescopes X

Lorsqu'un rayon de lumière visible frappe un miroir, celui-ci est réfléchi selon un angle d'incidence précis, et c'est ainsi que fonctionnent tous les télescopes optiques. Cependant, les rayons X se différencient de la lumière par une longueur d'onde inférieure à la distance séparant les atomes, et c'est pour cette raison qu'ils traversent aisément la plupart des matériaux, à l'instar d'un jet d'eau qui traverserait un grillage. Toutefois lorsque l'incidence est presque rasante, le rayonnement X peut être réfléchi. Pour cela, les télescopes à rayons X utilisent un miroir en forme de tonneau dont l'axe coïncide avec l'axe de pointage.
 
 

 
Principe de fonctionnement d'un télescope à rayons X. Crédit Nasa.
 
Mais comme la surface réfléchissante offre ainsi très peu de surface vue depuis la cible, on emboîte l'un dans l'autre un grand nombre de miroirs de diamètres décroissants. Pour Astrosat, ces ensembles de miroirs concentriques, extraordinairement complexes, ont été alignés de façon à projeter le rayonnement X en un seul point au moyen d'une caméra à rayons X, tandis que le système de capteurs a été assemblé indépendamment au Département de physique et d'astronomie à l'Université de Leicester (Royaume-Uni).

Première lumière

Pour son premier essai en orbite, il fallait choisir une cible. Et c'est PKS 2155-304 qui a été choisi, un quasar particulièrement énigmatique situé à environ 1,5 milliard d'années-lumière de nous. Il est qualifié de TeV Blazar par les Américains, car il émet des jets de rayonnement gamma très énergétiques atteignant le téraélectron-volt, l'un de ces jets étant dirigé très précisément dans notre direction. Or, les observations de ces jets gamma comparées à celles en rayonnement X ne cadrent pas avec les théories expliquant ces objets, ce qui justifie un examen plus poussé.

Les données reçues à la station au sol à Bengaluru, actuellement en cours d'analyse au TIFR, montrent que le télescope et la caméra d'Astrosat fonctionnent de manière optimale et que la qualité des informations est excellente. "Nous avons attendu ce moment avec anxiété depuis que le satellite a été lancé le 28 septembre", annonce le professeur Singh, à la tête de l'équipe en charge du développement d'Astrosat. "Il est vraiment agréable de voir tous ces miroirs travailler en parfaite harmonie pour créer une image en rayonnement X sur un capteur CCD situé deux mètres plus loin. Le CCD travaille à une température de -82°C, et nous avons été en mesure d'atteindre la sensibilité, la résolution spatiale et spectrale selon nos spécifications", ajoute-t-il.

Jean Etienne

 

 

 
Le quasar PKS 2155-304 vu en rayonnement X par Astrosat. Crédit TIFR.
 
 
 

 
Détail du miroir en rayonnement X d'Astrosat (face avant). Crédit TIFR.
 
 
 

 
Autre exemple de miroirs cylindriques en rayonnement X. Ici, le satellite NuSTAR américain. Crédit Nasa.
 

 

 
 
 

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