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Selon une étude publiée ce jour dans le
Bulletin de l'Organisation mondiale de la Santé, les personnes qui
vivent dans des pays pauvres sont exposées à des formes de marketing
du tabac plus intenses et agressives que celles qui vivent dans des
pays riches.
Cette étude est la première à faire une comparaison statistique des
niveaux de marketing du tabac dans un large éventail de pays depuis
2005, année où il a été exigé aux pays signataires de la
Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac d'adopter des
mesures strictes de lutte contre le tabagisme, notamment une
interdiction de certaines pratiques de marketing.
L'étude montre que les pratiques de marketing du tabac, qui poussent
à la consommation, en particulier chez les jeunes, prennent toujours
de l'ampleur, en dépit des efforts de nombreux pays pour les
interdire.
L'étude met en avant la menace imminente qui pèse sur les pays à
faible revenu si des mesures ne sont pas prises rapidement pour
limiter ces pratiques.
"L'industrie du tabac utilise des techniques de marketing pour
inciter les enfants et les jeunes à fumer", a déclaré l'un des
auteurs, le professeur Anna Gilmore, directrice du Groupe de
recherche sur la lutte antitabac (Tobacco Control Research Group) de
l'Université de Bath, au Royaume-Uni. "Les ventes baissent dans les
pays à revenu élevé et rendre les jeunes dépendants au tabac dans
les pays à revenu faible permet d'assurer la rentabilité future du
secteur. Notre étude révèle l'étendue des efforts qui sont déployés
dans ce but", a-t-elle ajouté. |
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Des études montrent que plus les adolescents sont
exposés à des formes de marketing du tabac, plus ils sont
susceptibles de fumer à l'âge adulte. Dans de nombreux pays, la
grande majorité des fumeurs adultes a commencé à fumer avant l'âge
de 18 ans. Par exemple, aux États-Unis d'Amérique, d'après l'enquête
nationale sur la consommation de drogues et la santé (National
Survey on Drug Use and Health) 80% des fumeurs ont commencé à fumer
avant 18 ans.
La vente de cigarettes à l'unité, par exemple, est un moyen
important d'attirer les enfants qui n'ont pas les moyens d'acheter
un paquet entier de cigarettes. Anna Gilmore et ses collègues ont
découvert que, dans les pays à revenu faible, 64,2% des points de
vente sélectionnés vendaient des cigarettes à l'unité, contre
seulement 2,8% dans les pays à revenu élevé. De 2009 à 2012, les
chercheurs ont répertorié le nombre de publicités pour le tabac et
de boutiques vendant des produits du tabac sur un parcours d'un
kilomètre, dans 462 communautés réparties dans 16 pays.
Ils ont également demandé à près de 12.000 personnes si elles se
souvenaient avoir vu des formes de marketing du tabac dans
différents médias, notamment à la télévision, à la radio, sur des
affiches, des éléments de signalisation, sur Internet, sur papier ou
au cinéma, au cours des 6 derniers mois.
Ils ont découvert que la publicité pour le tabac était la plus
intense dans les pays à faible revenu étudiés (Inde, Pakistan et
Zimbabwe), où ils ont observé 81 fois plus de publicités pour le
tabac par communauté étudiée que dans les pays à revenu élevé
(Canada, Émirats arabes unis et Suède). (L'Inde a depuis été classée
par la Banque mondiale dans les pays à revenu intermédiaire, tranche
inférieure.) Dans les communautés étudiées des 16 pays, le nombre de
boutiques vendant du tabac était également deux fois et demie plus
élevé dans les pays à revenu faible et à revenu intermédiaire,
tranche inférieure, (Chine, Colombie et République islamique d'Iran)
que dans les pays à revenu élevé. Les chercheurs ont découvert que,
globalement, près de 10% des personnes interrogées indiquaient avoir
vu des formes de marketing du tabac dans au moins cinq médias au
cours des six derniers mois et 45% indiquaient en avoir vu dans au
moins un média.
"Les résultats de l'étude révèlent que l'interdiction globale de la
publicité, de la promotion et du parrainage du tabac est l'une des
mesures de lutte antitabac les moins adoptées par les pays,
notamment les pays à revenu faible. Les pays à revenu intermédiaire
et élevé sont quatre fois plus nombreux à l'avoir adoptée que les
pays à revenu faible", a indiqué le Dr. Armando Peruga,
administrateur de programme de l'Initiative pour un monde sans tabac
de l'OMS.
Les maladies liées au tabac sont la principale cause de décès
évitables dans le monde. On prévoit que le tabagisme sera à
l'origine de 8,4 millions de décès d'ici 2020, dont 70% dans les
pays en développement, où vivent environ 900 millions de fumeurs. Si
les obligations de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte
antitabac ne sont pas rapidement et pleinement mises en œuvre, ces
chiffres devraient connaître une hausse considérable.
"Des progrès significatifs ont été accomplis ces dix dernières
années, mais il nous faut maintenant renouveler notre engagement en
faveur de la lutte mondiale contre le tabac afin que tous, partout
dans le monde, soient protégés de l'épidémie de tabagisme", a
déclaré le Dr. Peruga. La Convention-cadre de l'OMS pour la lutte
antitabac a été élaborée à la suite de la mondialisation de
l'épidémie de tabagisme. Depuis son entrée en vigueur en 2005, 180
pays en sont devenus parties. Ce traité, qui couvre près de 90% de
la population mondiale, est celui qui a reçu la plus large adhésion
de toute l'histoire des Nations Unies.
Source principale :
Groupe de recherche sur la lutte antitabac (Tobacco
Control Research Group),
Département de la Santé,
Université de Bath,
Bath, Royaume-Uni |
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