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Les planétologues ont découvert près
d'un lac desséché de Mars, à l'équateur de la planète rouge, des
traces indiquant que de l'eau liquide était apparue à sa surface au
moins à deux reprises.
Les traces d'un ancien lac découvertes dans le cratère équatorial
Jezero ont permis aux planétologues de déduire que l'eau liquide a
bien été présente pendant une longue période à la surface de Mars au
moins à deux reprises, explique Tim Goudge, chercheur à l'université
Brown de Providence (USA), dans un article publié le 6 mars 2015 par
le
Journal of Geophysical Research: Planets.
"Cette région de Mars nous a apporté des preuves tangibles
indiquant que Mars avait traversé au moins deux périodes d'activité
géologique pendant lesquelles l'eau a joué un rôle très actif. Cela
nous donne de nouvelles matières à réflexion et une idée
intéressante de la vie de Mars à l'époque ancestrale", déclare
Tim Goudge.
Tim Goudge et ses collègues ont étudié pendant plusieurs années le
lac du cratère Jezero à l'équateur de Mars, qui a été découvert sur
les photos de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) en 2005 par
un astronome de l'université Brown. Les planétologues ont découvert
par la suite, près du lac, des traces de canaux où l'eau circulait,
ainsi que des dépôts d'argile et d'autres roches sédimentaires à
proximité.
Cette découverte a poussé les astronomes à s'interroger sur
l'origine de l'argile - était-elle apparue à l'intérieur du lac ou
importée de l'extérieur - et sur l'époque de son apparition. Le
groupe de Tim Goudge a utilisé la caméra CTX et le spectromètre
CRISM à bord de la sonde, qui ont permis aux chercheurs d'analyser
les dépôts d'argile près du lac en les comparant à d'autres se
trouvant à proximité.
Comme l'a montré la carte établie grâce aux photos, l'argile des
canaux du lac n'est pas né à l'intérieur, mais à l'extérieur des
dépôts d'argile, à la ligne de partage des eaux la plus proche. En
d'autres termes, cela prouve que le minéral a été importé dans le
lac par les eaux des fleuves qui l'alimentaient.
Mais le plus intéressant est que l'âge des dépôts d'argile et des
canaux en soi ne coïncide pas, et que la différence est trop
importante pour pouvoir la relier à l'imperfection des équipements.
Pendant cette période, selon les données du CRISM, la ligne de
partage des eaux où s'est formée l'argile a eu le temps d'être
recouverte par une fraîche couche de roches, qui ont caché ces
dépôts partout sauf dans les lits de fleuves et les canaux.
Mars a donc vécu au moins deux périodes séparées pendant lesquelles
l'eau existait sous forme liquide à la surface. Cette découverte est
un argument de poids en faveur de la théorie de plus en plus
populaire selon laquelle les océans à la surface de Mars gelaient
périodiquement et fondaient suite aux irruptions volcaniques
synchronisées ou d'autres formes d'activité géologique.
Si c'était effectivement le cas, alors il faudrait chercher des
traces de vie, si elle a réellement pu exister sur Mars dans des
bassins aussi temporaires, dans les lacs qui ont existé près des
bouches de volcans et des plateaux volcaniques. Selon Goudge et ses
collègues, le cratère Jezero est un lieu parfait pour rechercher la
vie, parce que ses traces peuvent résider dans les couches d'argile
fluviatile et lacustre qui se trouvent au fond du lac et dans les
lits des fleuves qui l'alimentaient.
"Les roches fluviatiles et lacustres sur Terre font partie des
meilleurs endroits pour rechercher des traces de vie. Et dans le
cratère Jezero toutes les roches de ce genre ont été réunies le long
de la ligne de partage des eaux. C'est pourquoi si elles contenaient
des traces organiques et de vie, au moins une partie d'entre elles
devait atterrir dans le cratère", conclut Tim Goudge.
Sources : diverses, dont Geophysical Research: Planets.
Assessing the Mineralogy of the Watershed and Fan Deposits of the
Jezero Crater Paleolake System, Mars |
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