Le projet Mars One, prévoyant un
voyage aller simple de colonisation de la Planète Rouge, n'était-il
qu'une arnaque ? Il faut bien se ranger à cette conclusion, selon le
professeur Joseph Roche, astrophysicien au Trinity College de Dublin
et ancien chercheur à la NASA.
Mars One est un projet lancé par un
ingénieur néerlandais, Bas Lansdorp, visant à installer une colonie
humaine sur la planète Mars et l'occuper dès 2024. Le credo des
fondateurs du projet est qu'une mission spatiale habitée vers Mars,
projet envisagé mais régulièrement repoussé par la NASA pour des
raisons de coût et de faisabilité technique, est réalisable dès
aujourd'hui à des coûts relativement modérés (6 milliards de dollars
américains pour la première phase1) en utilisant des techniques
existantes et des composants déjà développés notamment par la
société SpaceX. Une particularité du projet est qu'il est prévu
qu'il soit financé grâce à une exploitation médiatique de
l'expédition, sur le modèle de la téléréalité.
Cependant le projet Mars One fait face à plusieurs problèmes mais
personne n'en parle, déclare Joseph Roche, qui est aussi un des
finalistes de Mars One.
Selon M.Roche, les organisateurs incitent les candidats au vol vers
Mars à financer la mission, ce qui est pour le moins étrange pour un
projet de plusieurs milliards de dollars. "Quand vous rejoignez
Mars One Community en tant que candidat à la mission spatiale, ils
commencent à vous attribuer des points. Vous recevez des points à la
chaque étape de la sélection et le seul moyen d'obtenir des points
supplémentaires est d'acheter des produits signés Mars One ou bien
de leur verser des fonds", a précisé M.Roche. Les candidats sont
également invités à promouvoir le projet dans les médias en
accordant des interviews. "Les dix candidats les plus prometteurs
sont les gens qui ont attiré le plus d'argent à Mars One", a
noté M.Roche.
Aucun caractère scientifique,
aucun financement
Selon lui, les méthodes de sélection des futurs membres d'équipage
n'ont aucun rapport avec les normes strictes de sélection des
astronautes par la NASA. M.Roche n'a jamais pu s'entretenir avec une
personne directement liée avec Mars One et estime que les
organisateurs n'ont pas assez de données pour évaluer l'aptitude des
futurs Martiens à participer au vol. Fait encore plus étrange, les
médias affirment toujours que Mars One a reçu plus de 200.000
demandes de participation, mais en réalité seules 2.761 personnes
ont souhaité aller vivre sur Mars.
Il y a également d'autres questions dont ces mêmes médias ne parlent
pas. La compagnie de télévision Endemol, à qui Mars One pourrait
rapporter près de 6 milliards de dollars, s'est retirée du projet.
En février dernier, le prix Nobel Gerard t'Hoof, présenté comme
conseiller de Mars One, a déclaré qu'il faudrait attendre 100 ans
pour effectuer la mission vers Mars et non 10 ans comme annoncé
auparavant. Des signes qui ne trompent pas, d'autant que les
organisateurs de Mars One refusent de commenter ces informations.
Les faits montrent que Mars One n'a pas d'argent, n'a pas de
contrats avec des sociétés aérospatiales privées qui créent des
technologies pour les missions spatiales lointaines, qu'il n'a pas
de partenaires à la télévision et parmi les grandes sociétés
capables de financer le projet. Mars One n'envisage pas d'ouvrir un
centre d'entraînement des candidats. Les candidats n'ont été
interviewés que par une seule personne. Et encore, via Skype...
"Le vrai cauchemar est que les gens continuent de verser des
fonds et de croire à ce projet qui est voué à l'échec. Les gens ne
croiront plus à la NASA et aux scientifiques", a conclu M.Roche.
Bref, Mars One fonctionne exactement selon le modèle d'une secte,
invitant ses adhérents à leur verser beaucoup d'argent (logique
puisqu'ils n'en n'auront plus besoin après avoir quitté
définitivement la Terre...) en leur promettant de réaliser leurs
rêves sur un autre monde.
Site officiel de
Mars One
|