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12 % de la population des lézards du
Mexique ont disparu suite au réchauffement climatique, annonce une
équipe internationale de chercheurs, qui prévoit l'extinction
complète de 20 % de toutes les espèces pour 2080.
Pour de nombreux lézards, le changement climatique de la planète est
une question de vie ou de mort, car bon nombre de leurs espèces
vivent déjà au bord de leur limite thermique, notamment dans les
zones de basses altitudes et de faibles latitudes. Barry Sinervo du
Département d'Ecologie et de Biologie évolutionniste de l'Université
de Californie à Santa Cruz, est arrivé à ces conclusions après avoir
comparé leurs études de terrain sur les lézards au Mexique avec
nombre de données recueillies sur toute la planète.
"A quelle vitesse les lézards s'adaptent-ils à la hausse des
températures sur le globe ? C'est la question qui importe", note
Sinervo. "Nous voyons actuellement des espèces de faible altitude
migrer vers les hauteurs, une lente extinction de celles en
altitude, et si elles n'arrivent pas à évoluer plus vite elles vont
continuer de disparaître." Bien que les prédictions faites par
les chercheurs pour 2080 puissent encore changer si les hommes
arrivent à ralentir le réchauffement climatique, il s'avère que les
lézards ont déjà franchi un seuil pour leur extinction et que leur
fort déclin va se poursuivre dans les prochaines décennies.
L'étude détaillée montre en particulier que les lézards qui portent
leurs petits présentent des risques plus élevés d'extinction
comparés à ceux qui pondent des oeufs. "Ces animaux ont un risque
près de deux fois plus important de disparaître parce qu'ils ont
acquis des températures corporelles plus basses" précise
Sinervo. "Nous les voyons littéralement disparaître sous nos
yeux."
Cette situation alarlante est toutefois loin de se limiter au
Mexique, et Sinervo insiste sur le fait que c'est en effectuant un
travail de terrain en France, alors qu'il suivait des populations
déjà bien étudiées, qu'il a remarqué pour la première fois cette
évolution évidente en compagnie d'autres chercheurs français, Jean
Clobert et Benoît Heulin. Troublés par leur découverte, ils ont
alors contacté des collègues du monde entier, Jack Sites et Donald
Miles aux États-Unis, Fausto Méndez-de-la-Cruz au Mexique et Carlos
Frederico Duarte Rocha au Brésil, démarrant une collaboration
globale.
Pour affiner leur modèle, Sinervo et ses collègues ont utilisé un
petit appareil électronique qui mime la température corporelle d'un
lézard s'exposant au soleil. Ils ont placé de tels appareils
thermiques pendant quatre mois dans des endroits ensoleillés où les
lézards sont encore nombreux et d'autres où ils ont presque disparu.
"Il y a des moments dans la journée où les lézards ne peuvent
sortir et doivent se replier vers des endroits plus frais"
indique Sinervo. "Lorsqu'ils ne sont pas dehors, les lézards ne
sont pas non plus en quête de nourriture. Nous avons donc évalué
combien d'heures dans la journée les lézards pouvaient être refoulés
par le soleil à différents endroits. Puis nous avons pu paramétrer
notre modèle global." Pour les auteurs de l'étude, qui militent
pour une vraie reconnaissance de ces lézards et de l'importance de
leur rôle dans le réseau alimentaire du globe, ces découvertes sont
à la fois "navrantes et écœurantes".
Jean Etienne
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