19 avril 2015

 

La météorite de Murchison abrite des millions de molécules organiques

 
A l'intérieur de cette roche tombée sur Terre en 1969, plus de 70 acides aminés avaient été découverts. Depuis, les météorites sont devenues précieuses pour la compréhension de la formation du Système solaire mais aussi des conditions d’apparition de la vie. Une nouvelle technique d’analyse a révélé que cette célèbre météorite de Murchison contenait en fait une diversité surprenante de molécules organiques.

Depuis l’invention du spectromètre de masse par Francis Aston en 1919, qui s'appuyait sur des réalisations précédentes de Wilhelm Wien et J.J. Thomson, les géologues et les géophysiciens ont pu plonger dans les entrailles des roches pour en déduire leurs compositions et leurs âges. Les chimistes ne tardèrent par à leur emboîter le pas et se lancèrent dans la détection de molécules organiques (c'est-à-dire constituées de chaînes de carbone). A partir de 1958, la spectrométrie de masse commença à repérer des acides aminés et même des peptides (petites protéines).

Ce genre de molécules organiques avait été découvert dans la météorite tombée près de la petite ville de Murchison en Australie en 1969. Dans cette chondrite carbonée, les cosmochimistes de l’époque et leurs successeurs ont dénombré plus de 70 acides aminés. Ils y ont ainsi découvert, sous forme de traces, l'alanine, la glycine, la valine, la leucine, l'isoleucine, la proline, l'acide aspartique et l'acide glutamique, toutes présentes dans les protéines de la vie terrestre.

Bien mieux, des purines et des pyrimidines y ont également été trouvées. Or ces molécules sont les bases de l'ADN et de l'ARN qui constituent le matériel génétique de tous les êtres vivants que porte la Terre.

Une chimie prébiotique complexe au sein du Système solaire en formation

Mais cette météorite de Murchison recélait encore des surprises... Des chercheurs en ont examiné à nouveau des fragments en utilisant les dernières évolutions de la spectrométrie de masse, devenue ultrasensible. En particulier la technique connue sous le nom de Fourier Transform Ion Cyclotron Resonance/Mass Spectrometry (FTICR/MS) permet de peser les masses des molécules ionisées à la précision de celle d’un électron, lequel est presque 2.000 fois plus léger qu’un simple atome d’hydrogène. Grâce à elle, Philippe Schmitt-Kopplin, du Helmholtz Centre de Munich, a détecté plus de 14.000 molécules organiques différentes au sein de la célèbre météorite.

Selon les chercheurs, ces mesures impliqueraient que cette roche abriterait en réalité des millions de molécules organiques différentes. La chimie prébiotique à l’aube de la formation du Système solaire était donc probablement plus complexe et bien plus riche qu’on ne l’imaginait. On peut s'attendre à de belle surprises dans l'étude des réactions chimiques au sein des comètes et à la surface des planètes qu'elles ont un jour bombardées.
 
 

 
Un fragment de la météorite de Murchison en cours d'examen.
 

 

 
 
 

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