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A l'intérieur de cette roche tombée sur
Terre en 1969, plus de 70 acides aminés avaient été découverts.
Depuis, les météorites sont devenues précieuses pour la
compréhension de la formation du Système solaire mais aussi des
conditions d’apparition de la vie. Une nouvelle technique d’analyse
a révélé que cette célèbre météorite de Murchison contenait en fait
une diversité surprenante de molécules organiques.
Depuis l’invention du spectromètre de masse par Francis Aston en
1919, qui s'appuyait sur des réalisations précédentes de Wilhelm
Wien et J.J. Thomson, les géologues et les géophysiciens ont pu
plonger dans les entrailles des roches pour en déduire leurs
compositions et leurs âges. Les chimistes ne tardèrent par à leur
emboîter le pas et se lancèrent dans la détection de molécules
organiques (c'est-à-dire constituées de chaînes de carbone). A
partir de 1958, la spectrométrie de masse commença à repérer des
acides aminés et même des peptides (petites protéines).
Ce genre de molécules organiques avait été découvert dans la
météorite tombée près de la petite ville de Murchison en Australie
en 1969. Dans cette chondrite carbonée, les cosmochimistes de
l’époque et leurs successeurs ont dénombré plus de 70 acides aminés.
Ils y ont ainsi découvert, sous forme de traces, l'alanine, la
glycine, la valine, la leucine, l'isoleucine, la proline, l'acide
aspartique et l'acide glutamique, toutes présentes dans les
protéines de la vie terrestre.
Bien mieux, des purines et des pyrimidines y ont également été
trouvées. Or ces molécules sont les bases de l'ADN et de l'ARN qui
constituent le matériel génétique de tous les êtres vivants que
porte la Terre.
Une chimie prébiotique complexe au sein du Système solaire en
formation
Mais cette météorite de Murchison recélait encore des surprises...
Des chercheurs en ont examiné à nouveau des fragments en utilisant
les dernières évolutions de la spectrométrie de masse, devenue
ultrasensible. En particulier la technique connue sous le nom de
Fourier Transform Ion Cyclotron Resonance/Mass Spectrometry
(FTICR/MS) permet de peser les masses des molécules ionisées à la
précision de celle d’un électron, lequel est presque 2.000 fois plus
léger qu’un simple atome d’hydrogène. Grâce à elle, Philippe
Schmitt-Kopplin, du Helmholtz Centre de Munich, a détecté plus de
14.000 molécules organiques différentes au sein de la célèbre
météorite.
Selon les chercheurs, ces mesures impliqueraient que cette roche
abriterait en réalité des millions de molécules organiques
différentes. La chimie prébiotique à l’aube de la formation du
Système solaire était donc probablement plus complexe et bien plus
riche qu’on ne l’imaginait. On peut s'attendre à de belle surprises
dans l'étude des réactions chimiques au sein des comètes et à la
surface des planètes qu'elles ont un jour bombardées.
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