Les plaquettes sanguines jouent un rôle
dans les infections pulmonaires sévères liées aux virus grippaux.
C’est ce que révèlent pour la première fois des chercheurs de
l’Inra, de l’Inserm et de l’Université Claude Bernard Lyon 1 dans
des travaux publiés le 1er avril 2015 dans la revue American
Journal of Respiratory and Critical Care Medicine. Leurs
résultats montrent que les médicaments antiplaquettaires
représenteraient un accompagnement thérapeutique efficace contre les
formes graves de grippe.
Dans le monde, les épidémies annuelles de grippe sont responsables
d’environ trois à cinq millions de cas de maladies graves et de 250
000 à 500 000 décès, principalement parmi les groupes à haut risque
(les très jeunes, les personnes âgées ou souffrant de maladies
chroniques). Dans les cas de grippes sévères, les poumons sont le
siège d’une inflammation excessive et délétère.
Des chercheurs de l’Inra, de l’Inserm et de l’Université Claude
Bernard Lyon 1 se sont intéressés au rôle des plaquettes[1] pendant
l’infection par les virus grippaux chez des souris. Ils ont tenté de
comprendre les mécanismes responsables de l’inflammation exagérée
des poumons qui survient dans les cas les plus graves. En révélant
un afflux massif de plaquettes agrégées et activées, les
scientifiques ont mis en évidence, pour la première fois, le
recrutement des plaquettes dans les processus associés à la sévérité
des infections pulmonaires.
Dans un second temps, cette même équipe a démontré le lien entre
l’activation plaquettaire dans le poumon et la suractivation de
l’inflammation. Ainsi, en suractivant les plaquettes, on observe une
augmentation de la mortalité. Inversement, des souris ayant un
défaut de fonction plaquettaire sont protégées.
Enfin, l’effet bénéfique des antiplaquettaires sur l’inflammation
excessive dans le poumon a été prouvé. Les chercheurs ont testé,
chez des souris, 4 molécules antiplaquettaires (dont 2 sur le
marché) et 3 souches différentes de virus de la grippe. Il
s’agissait de souches humaines modifiées pour entraîner des grippes
sévères et de fortes pneumonies chez les souris.
Ces travaux suggèrent donc que les médicaments antiplaquettaires
(déjà présents dans la pharmacopée) pourraient être utilisés pour
développer des traitements anti-inflammatoires efficaces lors des
infections sévères à influenza. Ces résultats de recherche
biologique pourraient donc connaître des développements en recherche
clinique visant à évaluer leur transposition dans l’espèce humaine.
[1] Les plaquettes sont des éléments cellulaires du sang qui
assurent l’hémostase en jouant un rôle primordial dans la formation
des caillots.Sources :
Platelet Activation and Aggregation Promote Lung Inflammation and
Influenza Virus Pathogenesis (American Journal of Respiratory
and Critical Care Medicine)
Communiqué – Salle de presse de l’Inserm
|