Une équipe internationale de chercheurs
présente une nouvelle description des réactions chimiques qui
limitent le rejet du méthane océanique, puissant gaz à effet de
serre, dans l'atmosphère.
Un immense réservoir de gaz à effet de serre
Le méthane est l'un des principaux gaz à effet de serre naturel. Il
est présent en quantités importantes dans les planchers océaniques
sous forme d'hydrate de méthane, appelé plus familièrement "glace
qui brûle". Ce composé est stable à partir d'une certaine pression
et à basse température. A cause du changement climatique et du
réchauffement des océans, on craint un dégel des hydrates de méthane
océanique, qui provoquerait un dégagement massif de ce gaz à effet
de serre et donc un emballement du réchauffement planétaire. Les
scientifiques pensent d'ailleurs qu'un pareil dégel a joué un grand
rôle dans l'extinction permienne il y a 250 millions d'années, qui a
vu la disparition de 90% des espèces marines et 70% des espèces
terrestres.
Heureusement, l'oxydation anaérobique (oxygène ne venant pas de
l'air) du méthane couplée à sa réduction sulfate empêche près de 90%
du méthane produit en environnement marin d'être relâché dans
l'atmosphère. Toutefois, ce mécanisme est longtemps resté
énigmatique.
Le mécanisme de consommation du méthane océanique enfin compris
Une équipe internationale de chercheurs de l'Université Ben-Gourion
du Néguev, de l'Université de Cambridge et du California
Institute of Technology viennent de publier dans la prestigieuse
revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS)
une nouvelle description de ce mécanisme. Les chercheurs ont mis en
évidence le rôle-clé des oxydes de fer dans la stimulation de la
réaction. En plus de son rôle de nutriment, le fer sous sa forme
oxydée en forte concentration accélère les réactions d'oxydation et
de réduction sulfure anaérobiques du méthane dans des proportions
beaucoup plus importantes qu'estimées précédemment.
Les chercheurs basent leurs conclusions sur des expériences faites
en laboratoire sur des échantillons de sédiments océaniques au sein
desquels la mesures des rapport isotopiques de sulfure, oxygène et
carbone a permis de remonter la chaîne des réactions chimiques
impliquées.
Ces résultats seront très utiles à l'affinage de la modélisation des
cycles de gaz à effet de serre utilisés pour comprendre la dynamique
du climat à l'échelle de la planète.
Source :
Iron oxides stimulate sulfate-driven anaerobic methane oxidation in
seeps. Proceedings of the National Academy of Sciences.
|