Des objets à la fois discrets et
abondants
Les galaxies naines sont des représentations à moindre échelle de
leurs grandes sœurs, les plus petites d'entre elles renfermant
environ 5.000 étoiles. Notre Voie Lactée, en revanche, en comporte
plusieurs centaines de milliards dont le Soleil n'en figure qu'une
représentante très moyenne. Les modèles cosmologiques standards de
l'univers prédisent l'existence de centaines de galaxies naines en
orbite autour de la Voie Lactée, mais leur faible luminosité et leur
petite taille les rend incroyablement difficiles à trouver, même
dans notre propre environnement.
Comme elles comportent jusqu'à 99% de matière noire pour seulement
1% de matière observable, les galaxies naines représentent un sujet
d'études idéal pour tester si les modèles actuels portant sur cette
recherche sont corrects. La matière noire (dark matter), en
effet, est rigoureusement invisible et ne trahit sa présence que par
l'effet de sa force gravitationnelle sur son environnement. "La
matière noire contenue à la fois dans notre propre galaxie et dans
les galaxies satellites fournit un résultat significatif à la fois
pour l'Astronomie et la Physique", a déclaré Alex Drlica-Wagner
de Fermilab, un des leaders du programme de recherches "Dark
Energy Survey analysis".
"Les satellites de notre galaxie sont réellement la 'dernière
frontière' pour tester nos théories sur la matière noire",
déclare avec enthousiasme le Dr Vasily Belokurov de l'Institut
d'astronomie, un des co-auteurs de l'étude. "Nous devons les
découvrir afin de déterminer si notre image cosmologique est
logique. Trouver un aussi grand groupe de satellites à proximité des
Nuages de Magellan est réellement surprenant, d'autant que les
recherches antérieures sur le ciel austral en avaient jusqu'ici
trouvé très peu. Nous ne nous attendions pas à tomber sur tel trésor".
Le plus proche de ces "trésors" se trouve à 97.000 années-lumière, à
mi-chemin des Nuages de Magellan, et est situé dans la constellation
du Réticulum ou le Réticule. Mais il finira par disparaître,
disloqué par les forces de marée induites par la puissante force
d'attraction de la Voie lactée.
Le plus lointain et le plus lumineux de ces objets est situé à 1,2
millions d'années-lumière dans la constellation de l'Eridan, ou la
Rivière. Actuellement positionné sur les franges de la Voie Lactée,
il est sur le point d'être absorbé dans notre propre galaxie où il
finira par se dissoudre. Selon l'équipe de Cambridge, il semble
lui-même posséder un petit amas globulaire d'étoiles, ce qui en
ferait la plus petite galaxie possédant son propre satellite.
"Ces résultats sont vraiment très curieux", a déclaré Wyn
Evans, également de l'Institut d'astronomie et co-auteur. "Peut-être
qu'ils s'agit d'anciennes galaxies satellites en orbite autour des
Nuages de Magellan, expulsés suite à l'interaction des forces de
gravitation. Ou peut-être faisaient-ils partie d'un groupe
gigantesque de galaxies naines qui, avec les Nuages de Magellan,
sont en baisse dans l'environnement de notre galaxie, la Voie lactée".
Le Dark Energy Survey est un projet auquel participent plus
de 120 scientifiques et 23 institutions internationales, dont les
États-Unis, le Brésil, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Son outil
principal est une caméra de 570 mégapixels, la plus puissante au
monde, la DECam, capable de voir des galaxies jusqu'à huit milliards
d'années-lumière de la Terre. Construite et testée au Fermilab, elle
équipe maintenant le télescope de quatre mètres de l’observatoire de
Cerro Tololo Inter-American au Chili.
Son objectif comporte cinq lentilles de formes complexes, dont
la plus grande, de 980 mm de diamètre et 172 kg, a été conçue et
taillée à l'University
College London (UCL) et financée par l'UK
Science and Technology Facilities Council (STFC).
Le résultat de cette étude, financée par le Conseil européen de la
recherche, sera publié dans The Astrophysical Journal.
Sources principales :
Welcome to the neighbourhood: new dwarf galaxies discovered in orbit
around the Milky Way (Université de Cambridge).
Scientists find rare dwarf satellite galaxy candidates in Dark
Energy Survey data (Fermilab)
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