La question de la vie sur Mars
passionne les astronomes et les simples curieux. Elle impliquerait
que de l'eau sous forme liquide se serait trouvée sur cette planète
pour permettre à la vie de s'y développer.
Des chercheurs de l'Institut Weizmann
viennent de montrer que l'activité volcanique passée de Mars aurait
pu induire un réchauffement de son atmosphère et permettre la
liquéfaction de l'eau bloquée aujourd'hui sous forme de glace sur
cette planète froide.
De l'eau sur Mars ?
De nos jours l'eau de Mars n'est que solide et forme des calottes
polaires, à l'exception des canyons de l'équateur où subsiste de
l'eau liquide très salée. Les conditions de température et de
pression sur cette planète froide entrainent instantanément la
solidification ou la sublimation de l'eau.
Pourtant, plusieurs observations réalisées ces dernières années sur
la quatrième planète du système solaire suggèrent que l'eau a pu y
exister sous forme liquide. Ceci expliquerait les superbes images
envoyées par Curiosity montrant des vallées, des cratères et autres
formations géologiques explicables par la présence d'eau érodant la
roche. L'analyse des échantillons collectés sur la planète montre
également la présence de minéraux dont la formation est directement
liée à la présence d'eau (tels que la goethite) [3]. Et si l'eau
était liquide, la vie a très bien pu s'y développer...
Cette hypothèse est de nouveau étayée par une toute récente étude
publiée par la NASA montrant pour la première fois la présence de
molécules organiques sur cette planète !
Les volcans à l'origine de la liquéfaction de l'eau
Les recherches menées à l'Institut Weizmann (Rehovot, Israël) par le
Pr Itay Halevy et le Pr James Head de l'Université Brown
(Etats-Unis) suggèrent que les volcans de Mars, aujourd'hui éteints,
auraient pu réchauffer périodiquement l'atmosphère de la planète
grâce à l'émission de souffre. Selon ce modèle publié dans Nature
Geoscience, l'eau de Mars se serait liquéfiée et aurait ainsi formé
les structures que l'on observe aujourd'hui.
Expliquer comment l'activité volcanique aurait pu réchauffer
l'atmosphère semble paradoxal car, sur Terre, c'est l'inverse qui se
produit : les émissions de soufre et de poussière lors d'éruptions
volcaniques ont tendance à refroidir la planète en empêchant le
rayonnement solaire de traverser l'atmosphère. Une activité
volcanique intense serait ainsi la cause du petit âge glaciaire
entre 1300 et 1800 et, plus loin dans le temps, aurait contribué à
l'extinction des dinosaures à la fin du Crétacé. Cependant, sur
Mars, les chercheurs font l'hypothèse que l'atmosphère était
probablement déjà très poussiéreuse et ainsi le bilan net de
l'impact des éruptions volcaniques aurait pu être différent.
Un nouveau modèle explicatif
Pour mieux comprendre le phénomène, les chercheurs ont calculé la
taille des anciennes éruptions volcaniques sur la base des
formations volcaniques observées à la surface de la planète. Leurs
estimations montrent que les éruptions ont été très violentes,
sûrement cent fois plus intenses que celles se produisant sur Terre,
et auraient probablement durée une dizaine d'années. La quantité de
gaz ainsi rejetée a pu être phénoménale par rapport à ce que la
Terre a connu.
Le modèle développé par les chercheurs israéliens montre qu'une
grande quantité de gaz à effet de serre émis lors de l'éruption
volcanique aurait entraîné un réchauffement de la planète. Bien sûr,
ce réchauffement aurait également été contrebalancé par le
refroidissement entrainé par des particules d'acide sulfurique
(formées par l'oxydation du dioxyde de souffre rejeté en grande
quantité par le volcan dans l'atmosphère) empêchant aux rayons du
soleil de pénétrer l'atmosphère rendu également très poussiéreux
lors de l'éruption. Cependant, en considérant l'atmosphère de Mars
déjà très poussiéreuse, l'acide sulfurique se serait alors déposé
autour de la poussière, limitant le refroidissement et produisant un
effet net positif pouvant donc réchauffer la planète. Cette
augmentation de la température de quelques degrés aurait été
suffisante pour permettre à l'eau de se liquéfier dans les basses
latitudes.
Les chercheurs estiment donc qu'autour de l'équateur de Mars, de
l'eau se serait bien écoulée pendant des dizaines, voire des
centaines d'années après les éruptions volcaniques, sculptant la
surface de la planète rouge.
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