L'extinction de plusieurs animaux
préhistoriques aurait été provoquée par une modification
pathologique de leurs tissus osseux et cartilagineux, selon les
chercheurs de l'Université d'Etat de Tomsk (Sibérie).
Cette conclusion semble s'imposer au terme d'une étude de plus de
quinze années du squelette de mammouths conduite par les
paléontologues. Sergueï Lechtchinski, responsable du laboratoire des
écosystèmes continentaux du Mésozoïque et du Cénozoïque à la faculté
géologique et géographique de l'université d'État de Tomsk, annonce
: "Les animaux préhistoriques ont disparu à cause de
l'ostéodystrophie, un processus pathologique de changement des
tissus osseux et cartilagineux causé par un trouble du métabolisme
nommé famine minérale".
L'ostéodystrophie, aussi appelée ostéofibrose, touche habituellement
les reptiles végétariens ou insectivores élevés en captivité. Les
premiers, en conséquence d'une alimentation constituée de végétaux
pauvres en calcium, les seconds alimentés par des insectes eux-mêmes
nourris de végétaux pauvres en calcium. Les reptiles carnivores sont
moins concernés, la viande étant beaucoup plus riche en cet élément.
Elle entraîne une fragilisation des os, en particulier les os longs
et leurs extrémités, ainsi que des cartilages, de la colonne
vertébrale et des os de la mâchoire, entre autres.
Delon Sergueï Lechtchinski, des signes indiscutables de cette
maladie ont été découverts lors de l'examen des vestiges de
mammouths d'époque tardive, proche de celle de leur extinction. "Les
surfaces articulaires des os des extrémités de certains spécimens ne
sont pas simplement endommagés, mais défigurés par une maladie.
Quant à l'ostéoporose, dans certaines collections sa part atteint
presque 100%", précise le scientifique. Les maladies
entraînaient alors des foulures, des fractures spontanées et les
mammouths dont la colonne vertébrale ou les extrémités étaient
endommagées ne pouvaient pas trouver suffisamment de nourriture et
perdaient la capacité de suivre le troupeau, devenant ainsi des
proies faciles pour les prédateurs.
Selon les chercheurs, cette véritable "famine minérale" a été
provoquée par l'humidification du climat induite par les changements
écologiques liés aux processus néotectoniques radicaux, qui ont
entraîné une brusque oxydation de la topographie géochimique dans
son ensemble.
Manquant alors d'éléments chimiques vitaux, dont le calcium, les
mammouths se sont efforcés, par pur instinct, de pallier cette
carence en consommant de l'argile sur les rives des bassins dans les
coulées de terrains ou lors des bains de boue destinés à chasser
leurs parasites, ce qui a eu d'autres répercussions nuisibles sur la
santé de ces animaux préhistoriques et précipitant leur disparition.
L'extinction des mammouths s'est amorcée il y a de 20 à 24.000 ans,
et la plupart des espèces se sont éteintes voici 12 à 15.000 ans.
Une dernière espèce aurait toutefois survécu jusqu'à 5.700 à 1.700
ans avant notre ère sur l'île Wrangel dans l'océan Arctique,
c'est-à-dire à l'époque des premiers pharaons égyptiens.
Jean Etienne
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