Une équipe de chercheurs de
l'Université de Montréal a démontré une relation certaine entre la
pratique de la méditation zen et l'épaisseur du cortex cérébral,
ayant pour effet une réduction sensible de la sensibilité à la
douleur.
Pour cette expérience, le doctorant en physiologie Joshua Grant et
son équipe, sous la direction de Pierre Rainville de l'Université de
Montréal et de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal,
ont choisi deux groupes distincts de volontaires, l'un composé de 17
adeptes réguliers de la méditation zen (avec une moyenne de 6400
heures cumulées à leur actif), l'autre de 18 témoins non adeptes.
Tous avaient en commun de ne jamais avoir pratiqué le yoga, ni
souffert de douleurs chroniques ou de troubles neurologiques ou
psychologiques.
La résistance à une douleur d'origine thermique a ainsi été
étalonnée pour chacun des 35 sujets par application de plaques
chauffantes au niveau des mollets, en augmentant la température
jusqu'à ce que le seuil de tolérance soit atteint ou à un maximum de
53 ºC, la limite avant la brûlure. Les non-adeptes toléraient en
moyenne une température maximale de 48 ºC, alors que les adeptes de
la méditation atteignaient en moyenne 50 ºC, certains supportant
sans problème les 53 ºC. La seconde étape de l'expérience consistait
à prendre des clichés d'imagerie par résonance magnétique
structurelle de leur cerveau.
Les images ont révélé un net épaississement du cortex cingulaire
antérieur chez les adeptes de la méditation, une région centrale du
cerveau associée à la perception de la douleur. Plus les sujets
testés avaient pratiqué longtemps la méditation, plus ces zones se
montraient épaisses et meilleure était leur résistance à la douleur.
Cette constatation confirme une précédente étude, qui avait déjà mis
en évidence un accroissement de la résistance à la douleur chez les
adeptes de la méditation zen, sans toutefois l'expliquer.
"Les postures souvent douloureuses associées à la méditation Zen
pourraient contribuer à l'épaississement du cortex et à une
meilleure tolérance de la douleur", annonce Joshua Grant dans un
article paru dans Emotion, la revue de l'American Psychological
Association. Cependant, cette explication semble ne pas suffire, car
certaines autres zones du cerveau, comme celle associée à la
sensation des mains, sont aussi plus épaisses chez ceux qui
méditent. Or, on sait qu'un certain type de méditation demande aux
adeptes de se concentrer sur la perception de leurs mains. "C'est
une hypothèse, on recherche des explications encore plus solides.
Mais le fait de se concentrer longtemps, à répétition, changerait la
structure du cerveau", ajoute Joshua Grant qui souligne que la
pratique de la méditation pourrait être utile d'une manière générale
dans la prise en charge de la douleur.
Contrer le vieillissement
La méditation pourrait aussi contrer certains effets du
vieillissement en augmentant le nombre de connexions entre les
neurones composant un cortex cérébral au volume accru.
Habituellement, ces connexions diminuent avec l'âge, entraînant une
réduction notoire de la matière grise. "C'est ce qui provoque des
maladies dégénératives chez certaines personnes, comme la démence.
La méditation pourrait aider à préserver les capacités cognitives
plus longtemps. Certains maîtres de la méditation zen ont plus de
100 ans et sont toujours très alertes. Ce n'est probablement pas une
coïncidence", ajoute Joshua Grant. De même, cette découverte
ouvre de nouvelles perspectives dans le traitement d'affections
liées à une altération de la matière grise telles les accidents
vasculaires cérébraux.
Jean Etienne |