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Les limites du vivant ont été une
nouvelle fois repoussées. Une équipe européenne composée notamment
de chercheurs du Laboratoire de microbiologie des environnements
extrêmes (LM2E) et du laboratoire Ecosystèmes, biodiversité,
évolution de Rennes (ECOBIO) vient en effet d'identifier des
bactéries et des champignons microscopiques à des profondeurs
records de 1922 et de 1740 mètres sous le bassin de Canterbury, au
large de la Nouvelle-Zélande.
Les sédiments des fonds océaniques sont peuplés d'un bestiaire
insoupçonné de micro-organismes marins: des archées (organismes
unicellulaires sans noyau), des bactéries et mêmes des eucaryotes
(organismes avec noyau)... Leur nombre est estimé à 290 000 000 000
000 000 000 000 000 000 ! Et ce, uniquement pour des profondeurs
comprises entre 0 et 500 mètres. Aujourd'hui, une équipe de
chercheurs franco-allemande vient d'établir un nouveau record en
réalisant un forage de 1 922 m de long sous le plancher océanique du
bassin de Canterbury, au large de l'île Sud de la Nouvelle-Zélande,
et en y trouvant de nombreuses espèces. "On ne s'attendait pas à
trouver des traces de vie à de telles profondeurs sous le fond des
océans, surtout pas des champignons microscopiques", avoue Karine
Alain, microbiologiste au Laboratoire de Microbiologie des
Environnements Extrêmes de Brest.
Grâce à des techniques sophistiquées d'extraction et d'analyse
d'ADN, les chercheurs ont réussi à identifier des représentants des
trois grandes divisions du vivant: des archées, des bactéries
thermophiles adeptes de la fermentation - très semblables aux
bacilles et aux coques du milieu terrestre mais de plus petite
taille - et aussi des microeucaryotes comme des champignons. "Avec
les analyses d'ADN réalisées, nous ne pouvons pas savoir s'il s'agit
d'ADN fossile, de fragments d'ADN d'organismes vivants ou bien ceux
d'organismes en dormance, précise Karine Alain. Par contre, nous
avons réussi à isoler et à cultiver certaines bactéries et certains
champignons microscopiques issus de nos échantillons, ce qui est une
première à ces profondeurs". La vie persisterait donc à des
profondeurs de 2 km sous le plancher océanique, là où les
températures frôlent les 100°C et les pressions les 50 MPa.
Théoriquement, les microorganismes pourraient même vivre jusqu'à des
profondeurs de 4 ou 5 km sous les océans pour les environnements les
plus cléments. Une frontière indispensable à connaître pour évaluer
au plus juste le volume de la biosphère présente dans les sédiments
marins mais aussi l'impact des microorganismes sur la composition
des océans et de l'atmosphère.
Source :
Microorganisms persist at record depths in the subseafloor of the
Canterbury Basin (Nature) |
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