Une nuit de mauvais sommeil diminue
significativement les performances aux tests d'intelligence des
enfants autistes (TSA) mais également des enfants neurotypiques
(sans trouble du spectre de l'autisme), telle est la conclusion
émise par les chercheurs de l'Hôpital Rivière-des-Prairies (HRDP),
associés à l'Institut universitaire en santé mentale de Montréal et
à l'Université de Montréal.
Dans un article paru dans l'International
Journal of Psychophysiology, les chercheurs rapportent, à la
suite de l'observation de l'électroencéphalographie de 13 enfants
autistes et de 13 enfants neurotypiques (sans déficience
intellectuelle, sans problème de sommeil, sans médication, avec une
moyenne d'âge de 10 ans), que des perturbations dans les ondes
cérébrales protectrices du sommeil étaient associées à des résultats
inférieurs aux tests verbaux de quotient intellectuel.
Les ondes cérébrales qui témoignent de la bonne consolidation du
sommeil de ces jeunes ont été mesurées en laboratoire. Plus
spécifiquement, il s'agit des 'fuseaux de sommeil', propres au
sommeil lent, phase du sommeil qui se retrouve tout au long de la
nuit et pendant laquelle le métabolisme du corps tourne au ralenti
et le cerveau se repose (contrairement au sommeil paradoxal pendant
lequel le cerveau est actif et rêve). "Nous avons observé que
plus un enfant présentait de ces ondes de sommeil au cours de la
nuit, meilleure était sa performance lors de tâches cognitives,
notamment au test de mesure du quotient intellectuel à l'échelle de
Wechsler", explique Sophie Tessier, étudiante au doctorat au
Laboratoire du sommeil de l'Hôpital Rivière-des-Prairies et première
auteure de l'étude.
Aussi, on constate que la qualité du sommeil sur une nuit complète,
pas seulement avant minuit ou à la fin de la nuit, favorise le bon
fonctionnement intellectuel. Ces observations valent pour les deux
groupes d'enfants. Cependant, malgré ces similitudes, les chercheurs
ont constaté que le lien entre ces ondes de sommeil et la
performance cognitive était différent chez les enfants neurotypiques
et les enfants autistes. On verra par exemple différentes régions du
cerveau impliquées pour chacun des groupes.
"Il s'agit d'une découverte d'importance qui confirme le rôle
majeur que joue le sommeil dans la consolidation des capacités
cognitives", explique Roger Godbout, directeur du Laboratoire du
sommeil de l'Hôpital Rivière-des-Prairies et professeur titulaire au
Département de psychiatrie de l'Université de Montréal. "La
recherche établit hors de tout doute que les enfants et les
adolescents sont particulièrement affectés par les nuits trop
courtes, notamment parce qu'ils sont en pleine période de
développement. C'est d'autant plus important à considérer lorsque
l'on réalise que de 10 à 25 % de tous les enfants et adolescents
canadiens présentent des difficultés à bien dormir et que cette
proportion atteint 45 à 85 % pour les enfants autistes".
Cette recherche, outre qu'elle vient confirmer le rôle crucial du
sommeil dans le développement cognitif, ouvre des perspectives de
traitements mieux ciblés pour les troubles du sommeil chez les
jeunes. Elle donne aussi espoir à tous ceux qui sont touchés par un
trouble du spectre de l'autisme en proposant des avenues
d'intervention pour traiter à la fois les difficultés de sommeil et
contribuer au plein développement de leurs capacités.
Source principale :
Physical Fitness and Resting EEG in Children With Attention Deficit
Hyperactivity Disorder (Journal of Psychophysiology,
Volume 29, Issue 1. DOI: 10.1027/0269-8803/a000131 (27 mai 2015).
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