|
Une équipe d'astrophysiciens du
département Espace de l'Université Technologique du Danemark (DTU
Space), menée par le Français Jérôme Chenevez, à récemment découvert
dans la direction du centre de la Voie Lactée deux cadavres
d'étoiles reprenant leur activité de cannibalisation de leur étoile
soeur.
Si ce genre de découverte n'est pas rare en astrophysique des hautes
énergies, ce qui l'est plus est l'apparition de ces deux nouvelles
sources de rayons X à seulement un mois d'intervalle et séparées
l'une de l'autre d'un angle correspondant à peine à deux fois le
diamètre apparent de la Lune. La distance séparant réellement ces
deux objets peut cependant être de plusieurs centaines d'années
lumière, et chacun est au moins éloigné de la Terre de plusieurs
milliers, voire dizaines de milliers d'années lumière.
Leur découverte a été rendue possible par la continuelle
surveillance de ce secteur de notre Galaxie par les caméras à rayons
X JEM-X à bord du satellite Européen INTEGRAL (INTErnational
Gamma Ray Astrophysics Laboratory) lancé par l'Agence
Spatiale Européenne en 2002, et toujours en fonctionnement autour de
la Terre. Vu en rayons X, le ciel, et plus particulièrement dans la
direction du centre de la Voie Lactée, est en permanente évolution
au gré de l'activité des quelques dizaines de trous noirs et étoiles
à neutrons répertoriés dans ce secteur. Ces objets, dits compacts
car extrêmement denses (au-delà de la densité nucléaire), sont les
cadavres d'étoiles très massives ayant fini leur existence il y a
des millions d'années dans d'énormes explosions appelées supernovae.
Contrairement à notre Soleil (qui lui n'explosera pas à la fin de sa
vie), environ la moitié des étoiles de la Galaxie sont accompagnées
par une ou plusieurs autres étoiles au sein de systèmes stellaires
binaires ou multiples. Après l'apparition, suite à une supernova
dans un tel système, d'un objet compact (trou noir ou étoile à
neutrons), il arrive que l'étoile compagne s'en rapproche
suffisamment pour qu'une partie de sa matière soit captée par
l'inéluctable attraction gravitationnelle du cadavre stellaire. Ce
phénomène, qui selon les cas peut être permanent ou épisodique,
provoque l'apparition d'un disque d'accrétion autour de l'objet
compact (voir figure). C'est principalement ce disque d'accrétion,
composé d'un plasma dont la température peut atteindre plusieurs
millions de degrés, qui est la source des rayons X détectés par les
instruments des astrophysiciens.
Ainsi, la détection en août et septembre 2014 des deux sources de
rayons X jusqu'alors inconnues correspond à la reprise de l'activité
vorace de deux objets compacts pour la première fois depuis au moins
50 ans, date des premières observations du ciel en rayons X. Suite à
ces découvertes, plusieurs autres satellites emportant des
instruments encore plus performants, ainsi que des télescopes au
sol, ont été dirigés vers ces deux nouveaux astres.
Les travaux d'analyses des observations sont actuellement en cours
dans plusieurs instituts de recherches du monde entier pour tenter
de déterminer la nature exacte - trou noir ou étoile à neutrons - de
chacun de ces deux objets.
Au vu des premiers résultats, toujours préliminaires, il semblerait
que la première de ces sources, dénommée IGR J17451-3022, se
comporterait plutôt comme une étoile à neutrons, tandis que la
seconde, IGR J17454-2919, montrerait des signes plutôt propres aux
trous noirs. Compte tenu du passage du Soleil chaque hiver dans la
direction du centre de la Voie Lactée, il n'a pas été possible
d'observer cette région depuis le de mois de Novembre, et les
équipes sont impatientes de savoir si les deux sources seront
toujours en activité lors de la réapparition aux instruments de ce
secteur du ciel au cours du mois de Février 2015.
Source :
Busy astrophysicist discovers two new x-ray sources, site
internet de l'Université Technologique du Danemark.
|
|