La Russie et la Chine, qui ont
commencé à harmoniser leurs normes de construction des vaisseaux
spatiaux en vue d'organiser des vols habités vers la Lune,
réaliseront prochainement une percée dans l'exploration de l'espace,
estiment les scientifiques russes spécialisés dans l'exploration et
l'exploitation de l'Espace.
Selon un responsable de l'industrie spatiale russe, les astronautes
russes et chinois viseraient un débarquement, probablement conjoint,
à la surface de notre satellite naturel dans le milieu des années
2020.
"Ce projet conjoint sera aussi important que la première mission
spatiale conjointe Soyouz-Apollo organisée par l'URSS et les
Etats-Unis en 1975", estime le docteur Sergueï Filipenkov,
rédacteur en chef du magazine
Aviapanorama
et expert en matière de médecine spatiale.
Selon lui, la Chine détient un grand potentiel en matière
d'exploration lunaire. Plusieurs satellites chinois actuellement en
orbite autour de la Lune en scrutent continuellement la surface tout
en en transmettant quantité de photographies en haute résolution,
renseignements partagés avec la Russie. Selon Filipenkov, les
Chinois ambitionnent se poser sur la Lune avec l'aide technologique
de la Russie, une réalisation dont profiteront les deux nouvelles
superpuissances, sur les plans scientifiques comme politiques.
La Chine a déjà utilisé son véhicule lunaire Yutu ("Lapin de jade")
en décembre 2013, devenant le troisième pays à réussir l'alunissage
d'un engin spatial. Il parfaitement plausible que les astronautes
russes et chinois utilisent, dans leur programme d'exploration
lunaire, un vaisseau et des rovers de fabrication chinoise, selon
Filipenkov.
La Chine, un acteur majeur de la conquête spatiale
La Chine a lancé en 1970 son premier satellite, Dōng Fāng Hóng Yīhào
( 东方红一号, ou l'Orient est Rouge). Les projets spatiaux de l'Empire
céleste se développent impétueusement, le pays lance les vaisseaux
spatiaux de tous les types, y compris pilotés. Le plus grand
cosmodrome, Jiǔquán, se situe dans le Nord du pays dans la région de
la Mongolie intérieure.
Tout comme dans les autres sphères, la Chine est en compétition avec
les Etats-Unis. Les Chinois se fondent sur l'expérience de
l'astronautique soviétique, n'hésitant pas à utiliser ses acquis
pour en faire la base de sa propre technologie, et ont réussi dans
de brefs délais à construire une station orbitale, annonce en
substance Serguei Filipenkov.
Les projets chinois sont un succès indéniable car ils suivent
l'itinéraire de l'URSS, tout en prenant les échecs passés en
considération. Le programme de vols spatiaux pilotés chinois
reproduit l'avancée des vols pilotés soviétiques des années '60 et
'70, une étape incontournable, l'expérience en plus, sans la
contrainte de la guerre froide USA-URSS qui avait amené la Russie de
l'époque à brûler les étapes en négligeant complètement toute notion
de prudence ou de sécurité.
Aujourd'hui, les Chinois sont sur le point de construire leur propre
station spatiale, et en ont déjà lancé une maquette, "Tiangun-1". En
ce qui concerne le programme des vols non piloté, la Chine, qui
possède déjà quatre cosmodromes, a déjà devancé l'Union soviétique
en matière de lancement des satellites, estiment de nombreux
observateurs, car elle a obtenu des acquis impressionnants dans
l'électronique, les systèmes de gestion, et l'infrastructure
terrestre.Une nouvelle course
à l'Espace dans laquelle Américains comme Européens pourraient bien
se voir reléguer au rang de simples spectateurs...
Jean Etienne
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