Les Hôpitaux Universitaires de
Strasbourg (France) ont annoncé l'implantation du système de
prothèse rétinienne Argus II sur 36 nouveaux patients.
L'information n'a été que très peu relayée par la presse, et
pourtant elle représente un immense espoir pour des millions
d'aveugles dans le monde entier.
Développé par Second Sight, une
entreprise californienne, cet "oeil bionique" est destiné aux
personnes aveugles souffrant de maladies dégénératives de la rétine,
telle la rétinopathie pigmentaire, qui endommage gravement les
photorécepteurs de l'œil et qui touche une personne sur 4000. Elle
se caractérise par la dégénérescence des cellules rétiniennes (cônes
et bâtonnets) chargées de convertir la lumière en impulsions
électrochimiques envoyées par le nerf optique au cerveau puis
décodées en images. Les premiers stades de la maladie se
caractérisent par une perte de vision nocturne puis le
rétrécissement du champ de vision. Avec le développement de la
pathologie, les patients perdent ensuite complètement la vue dans la
majorité des cas.
Réalisée avec succès grâce aux équipes des Professeurs Hélène
Dollfus, du Centre de Référence pour les Affections Rares en
Génétique Ophtalmique (CARGO) et de l'Institut de Génétique Médicale
d'Alsace (IGMA), et David Gaucher, du Service d'Ophtalmologie du
professeur Claude Speeg, une première implantation, qualifiée de
véritable prouesse, s'était déroulée sans problème. Plus d'une
centaine de patients l'utilisent déjà dans le monde.
Pour suppléer aux cellules rétiniennes déficientes, l'Argus II
utilise des lunettes qui captent l'image devant le sujet, dans son
propre champ de vision, au moyen d'une microcaméra. La vidéo est
reçue par un petit ordinateur porté par le patient qui la transcrit
en données avant de la transmettre à l'implant via une connexion
sans fil.
Ces impulsions sont ensuite envoyées vers les cellules non atteintes
de la rétine, en contournant les photorécepteurs endommagés.
Trouvant alors leur chemin le long du nerf optique, ces informations
induisent l'apparition de formes lumineuses que le patient devra
apprendre à interpréter. Selon une étude récente publiée par le
British Journal of
Ophtalmology, une majorité des patients aveugles réussissent
désormais à lire au moyen de cette prothèse, identifiant sans peine
lettres et mots.
En France, comme en Allemagne et en
Italie, la pose de la prothèse est couverte par les assurances
maladie-invalidité à hauteur d'un montant forfaitaire de 95.897
euros (pour la France).
Pose de la
prothèse visuelle (video Youtube, 5 mn).
Source (entre autres) :
The Argus II epiretinal prosthesis system allows letter and word
reading and long-term function in patients with profound vision loss
(British Journal of Ophtalmology).
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