5 juin 2015

 

Exit Proton, voici Angara

 
Les récents échecs du lanceur russe Proton, désormais considéré comme peu fiable en raison de multiples défauts de conception, poussent la Russie à accélérer la mise en service de la famille Angara.

Seule la transition de Proton à Angara pourra désormais permettre à Moscou de garantir la mise en orbite des engins prévus par le programme, et surtout de rester compétitive sur le marché du transport spatial. Car en effet, les nombreux dysfonctionnements constatés sur la Proton risquent à présent d'entamer la confiance des partenaires de la Russie, et notamment des sociétés faisant appel à ses lanceurs, y compris Soyouz ou Zenit, entre autres.

"La Russie doit passer au plus vite du lanceur Proton à la fusée Angara", a déclaré mercredi à Omsk Igor Komarov, directeur général de l'Agence fédérale spatiale russe (Roskosmos), lors d'une rencontre avec le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine. "Les essais en vol de la fusée Angara ont commencé en 2014. A mon avis, il est temps d'accélérer le passage du Proton à Angara", ajoute Komarov, tout en précisant que "cela permettra à la Russie de régler le problème de la mise en orbite des engins spatiaux prévus par le programme fédéral et de rester compétitive sur le marché".

Selon Andreï Kalinovski, directeur du Centre de production et de recherche spatiale russe Khrounitchev, le prochain tir du lanceur lourd Angara-A5 aura lieu en 2016. A cette occasion, la fusée devra mettre en orbite un satellite commercial, ce qui devrait être un premier pas dans le processus de remplacement des lanceurs actuels dont la conception remonte à plusieurs décennies.

Autre avantage, les lanceurs de la famille Angara sont dotés de moteurs à carburant écologique, un mélange de kérosène et d'oxygène, en place des peroxyde d'azote et UDMH, extrêmement nocifs, de la Proton. Extrêmement modulable par l'ajout d'étages supplémentaires ou d'accélérateurs, les fusées de la gamme Angara seront capables d'emporter en orbite des charges utiles de 1,5 tonne (Angara 1.1) à 40,5 tonnes (Angara A7V) en orbite basse, et cette famille pourra ainsi constituer le fer de lance de l'astronautique russe.

Ainsi, un lanceur peut comprendre jusqu'à sept modules dont le nombre est indiqué dans son nom. La fusée légère Angara-1.2, testée en juillet 2014, comprend un seul module capable de porter une charge utile de 3,8 tonnes. Le lanceur lourd Angara-A5, testé en décembre dernier, comprend cinq blocs. Angara-7 est la version la plus lourde. Les concepteurs russes prévoient en outre de créer Angara-A3.

Tiré depuis les cosmodromes russes de Plessetsk (région d'Arkhangelsk) et Vostotchny (région de l'Amour), le nouveau lanceur doit aussi permettre de réduire la dépendance de la Russie vis-à-vis du Kazakhstan sur le territoire duquel est situé le cosmodrome de Baïkonour d'où sont lancées un grand nombre de fusées.

Jean Etienne
 

 

 
Angara A5 (773 tonnes, 24 tonnes de capacité d'emport en orbite basse) en
préparation pour son vol test du 22 avril 2015 à Plesetsk. Crédit Roskosmos.
 

 

 
 
 

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