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Les récents échecs du lanceur russe
Proton, désormais considéré comme peu fiable en raison de multiples
défauts de conception, poussent la Russie à accélérer la mise en
service de la famille Angara.
Seule la transition de Proton à Angara pourra désormais permettre à
Moscou de garantir la mise en orbite des engins prévus par le
programme, et surtout de rester compétitive sur le marché du
transport spatial. Car en effet, les nombreux dysfonctionnements
constatés sur la Proton risquent à présent d'entamer la confiance
des partenaires de la Russie, et notamment des sociétés faisant
appel à ses lanceurs, y compris Soyouz ou Zenit, entre autres.
"La Russie doit passer au plus vite du lanceur Proton à la fusée
Angara", a déclaré mercredi à Omsk Igor Komarov, directeur
général de l'Agence fédérale spatiale russe (Roskosmos), lors d'une
rencontre avec le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine. "Les
essais en vol de la fusée Angara ont commencé en 2014. A mon avis,
il est temps d'accélérer le passage du Proton à Angara", ajoute
Komarov, tout en précisant que "cela permettra à la Russie de
régler le problème de la mise en orbite des engins spatiaux prévus
par le programme fédéral et de rester compétitive sur le marché".
Selon Andreï Kalinovski, directeur du Centre de production et de
recherche spatiale russe Khrounitchev, le prochain tir du lanceur
lourd Angara-A5 aura lieu en 2016. A cette occasion, la fusée devra
mettre en orbite un satellite commercial, ce qui devrait être un
premier pas dans le processus de remplacement des lanceurs actuels
dont la conception remonte à plusieurs décennies.
Autre avantage, les lanceurs de la famille Angara sont dotés de
moteurs à carburant écologique, un mélange de kérosène et d'oxygène,
en place des peroxyde d'azote et UDMH, extrêmement nocifs, de la
Proton. Extrêmement modulable par l'ajout d'étages supplémentaires
ou d'accélérateurs, les fusées de la gamme Angara seront capables
d'emporter en orbite des charges utiles de 1,5 tonne (Angara 1.1) à
40,5 tonnes (Angara A7V) en orbite basse, et cette famille pourra
ainsi constituer le fer de lance de l'astronautique russe.
Ainsi, un lanceur peut comprendre jusqu'à sept modules dont le
nombre est indiqué dans son nom. La fusée légère Angara-1.2, testée
en juillet 2014, comprend un seul module capable de porter une
charge utile de 3,8 tonnes. Le lanceur lourd Angara-A5, testé en
décembre dernier, comprend cinq blocs. Angara-7 est la version la
plus lourde. Les concepteurs russes prévoient en outre de créer
Angara-A3.
Tiré depuis les cosmodromes russes de Plessetsk (région
d'Arkhangelsk) et Vostotchny (région de l'Amour), le nouveau lanceur
doit aussi permettre de réduire la dépendance de la Russie vis-à-vis
du Kazakhstan sur le territoire duquel est situé le cosmodrome de
Baïkonour d'où sont lancées un grand nombre de fusées.
Jean Etienne
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