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2 mai
2015 |
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La sonde Messenger s'est
écrasée sur Mercure |
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Lancée le 3 août 2004, la sonde
Messenger de la Nasa s'était satellisée le 18 mars 2011 autour de
Mercure, la planète la plus proche du Soleil. Après 4 années
d'études et 4104 révolutions, à court de carburant, elle vient de
s'y écraser près du pôle Nord.
Messenger faisait ainsi suite à la sonde américaine Mariner 10 qui,
33 ans plus tôt, avait aussi survolé à trois reprises Mercure, sans
toutefois pouvoir s'y satelliser. En effet, cette manœuvre exige une
énergie considérable, non pour accélérer et s'éloigner du Soleil
comme dans le cas de l'exploration des planètes extérieures telles
que Mars, mais pour freiner. Car s'il est relativement facile de se
rapprocher de notre étoile, ceci engendre un accroissement de la
vitesse à mesure qu'on se rapproche de l'astre du jour. Si celle-ci
n'est pas annulée, l'engin ne fera que croiser une planète interne
telle que Mercure sans pouvoir se placer en orbite.
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La sonde Messenger
en orbite autour de Mercure (vue d'artiste). Crédit : Nasa. |
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Si, pour visiter d'autres planètes comme
Mars, Jupiter ou Saturne, entre autres, une ou plusieurs réactions
de gravitation sont utilisées en croisant d'autres planètes, afin de
fournir une accélération tout en économisant le carburant, le même
processus est ici mis en œuvre, mais dans le sens inverse, pour
réduire la vitesse. Ainsi, Messenger avait déjà survolé la Terre en
2005, Vénus en 2006 et 2007, puis Mercure en 2008 et 2009, profitant
de ces passages pour réduire sa vitesse sans consommer son précieux
carburant, qui représentait toutefois 50% de la masse totale de la
sonde.
Le 18 mars 2011, Messenger utilisait enfin sa rétrofusée et se
plaçait en orbite autour de la planète, et pouvait commencer ses
observations.
Durant ses quatre années en orbite, la sonde a détecté du potassium,
du soufre et d'autres composés volatils à la surface, ce qui a
surpris la communauté scientifique, car de tels éléments auraient dû
s'évaporer compte tenu de la température élevée de la planète. La
température moyenne de surface est de 167 °C. En pleine journée,
elle peut toutefois monter jusqu'à 427 °C.
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Une image d’une
partie de la planète jusque-là non photographiée. Crédit : Nasa. |
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Messenger a également confirmé
l'existence d'abondantes quantités d'eau sous forme de glace dans
les cratères des régions polaires qui ne voient jamais le Soleil.
Durant ses derniers jours, Messenger a tenté d'observer directement
le fond de certains cratères.
La phase finale d'exploration de Mercure avait débuté le 24 octobre
2014, en mettant à feu les moteurs de la sonde pour relever l'orbite
de manière à ce que le point le plus bas prenne une valeur comprise
entre 25,4 et 184,4 km. Le 21 janvier 2015, une nouvelle manœuvre
était effectuée avec un delta-v de 9,67 m/s pour relever le périgée
de l'orbite de 25,7 à 105,1 km 55. La campagne d'observation à basse
altitude permise par cette orbite basse permettait alors de
déterminer que le refroidissement de Mercure se poursuit
actuellement, car certains escarpements générés par ce processus
remontent à moins de 50 millions d'années. Des images prises à
faible distance des dépôts de glace observés aux pôles dans les
zones des cratères plongées en permanence dans l'ombre montrent que
certains d'entre eux sont récents, sans que le processus impliqué
puisse toutefois être identifié.
Alors que les réserves d'ergols s'épuisent inexorablement, les
responsables de la mission décident de réaliser une série de
manœuvres plus risquées mais moins dispendieuses en carburant. La
première des cinq manœuvres est réalisée le 18 mars 2015 et permet
de relever à 35,4 km le périgée qui était entretemps tombé à 11,6
km. La deuxième manœuvre avait lieu le 2 avril, puis le centre de
contrôle du Laboratoire de physique appliqué (APL) de l'université
de Johns Hopkins à Laurel (Maryland), commandait une série de quatre
corrections d'orbite entre le 21 et le 24 avril, cette dernière
épuisant la quasi-totalité du carburant restant et permettant
d'orienter la trajectoire de la sonde vers son lieu d'impact.
Après avoir transmis une dernière photographie, Messenger percutait
le sol le 30 avril 2015 à 19 h 26 UTC en creusant selon les calculs
un cratère d'impact de 16 mètres de diamètre au nord du cratère
Shakespeare.
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La dernière image
transmise par Messenger le 30 avril 2015. Crédit : Nasa. |
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Évolution de
l'orbite de Messenger (altitude du périgée et latitude) et manœuvres
destinées à
relever l'orbite (notées OCM) durant la dernière phase de la
mission. Crédit : Nasa. |
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Dernier survol et
point d'impact de Messenger près du pôle Nord de Mercure. Crédit :
Nasa. |
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