Prise à contrejour, cette vue de Pluton révèle
son atmosphère, rendue visible grâce aux rayons du Soleil qui la
traversent. Les scientifiques ont pu aussi repérer des nuages de
vapeur s'élevant à plus de 130 kilomètres au-dessus de sa surface
gelée.
"Avec des glaces mouvantes, une composition chimique originale de
sa surface, ses chaînes montagneuses et ses brumes, Pluton révèle
une diversité géologique vraiment excitante", se réjouit John
Grunsfeld, responsable des missions scientifiques de la NASA.
Une atmosphère particulièrement complexe
Les astrophysiciens s'accordent à dire que les brumes de Pluton sont
composées de deux couches bien distinctes, à 50 et 80 kilomètres.
Selon Michael Summers, un des astronomes de la mission, les vapeurs
détectées dans les images transmises par la sonde, et tout
spécialement cette extraordinaire vue à contrejour, constituent
l'élément-clé qui permettra de modéliser les composés complexes
d'hydrocarbures qui donnent à la planète sa teinte rougeâtre.
Selon la Nasa, ces vapeurs sont produites sous l'action du
rayonnement ultraviolet solaire sur les particules de méthane, qui
déclenche la formation de gaz complexes tels l'éthylène ou
l'acétylène, qui ont aussi été découverts dans l'atmosphère de
Pluton. "Alors que ces hydrocarbures tombent dans les parties
plus basses et plus froides de l'atmosphère, ils se condensent en
particules de glace qui créent de la brume. La lumière ultraviolette
du Soleil convertit chimiquement le brouillard en tholins, les
hydrocarbures sombres qui colorent la surface de Pluton",
poursuit l'agence spatiale.
Pluton, tout sauf une planète morte !
Sur Pluton, les paysages se remodèlent sans cesse. Des mouvements de
glace ont été détectés au nord de la plaine Spoutnik, située dans la
région Tombaugh. Ces déplacements, qui se sont produits avec
certitude dans un passé très récent, perdurent certainement de nos
jours.
Car là est certainement la plus grande surprise de cet exploration
très lointaine : Pluton est géologiquement très active, et les
observations qui y sont faites sont parfaitement comparables à ce
qui se passe sur notre propre Terre, selon Bill McKinnon, un des
scientifiques de la mission, qui indique que "de tels phénomènes
seraient similaires à ceux observés sur la Terre avec les glaciers".
John Spencer du Southwest Research Institute de Boulder, dans le
Colorado, affirme que ce genre de surfaces n'avaient jusqu'ici été
observées que sur des mondes très actifs comme la Terre ou Mars.
Les données reçues jusqu'ici montrent que la partie centrale de la
plaine Spoutnik serait riche en azote, en monoxyde de carbone et en
méthane gelé. De plus, alors qu'une grande partie de Pluton présente
de nombreux cratères, ceux-ci semblent avoir été recouverts par de
récents dépôts dans la région sud du "cœur de Pluton". "Toutes
les activités observées sur Pluton tendent à indiquer que cette
planète a un noyau dense entourée d'une épaisse couche de glace, ce
qui accroît la possibilité de l'existence d'un océan liquide sous
cette glace", commente Bill McKinnon.
Plongée sur Pluton
Rien que pour le plaisir des yeux, voici l'intégralité des images
significatives transmises par l'instrument LORRI au cours de son
approche de la Planète naine.Les
documents qui suivent ont été traités par Space News International
au départ des images brutes diffusées par la Nasa. Certaines sont
encore altérées par la forte compression utilisée afin d'accélérer
la transmission entre New Horizons et la Terre, la version en haute
résolution étant attendue d'ici quelques semaines.
Jean
Etienne
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