Une seule certitude s'impose en cette veille
de rentrée: les technologies seront légèrement plus avancées que
l'année précédente. Toutefois, elles sont loin de constituer un
substitut à l'engagement des étudiants au quotidien et à la
collaboration entre pairs.
L’expérience d’apprentissage au XXIe siècle s'améliore sans cesse
par l’apport de gadgets et de logiciels, et ce n'est pas fini. Et
c’est sans compter la capacité de se brancher sur le monde, au-delà
des murs de l’école.
Dans une récente étude menée à l’Université Concordia, des
chercheurs en sont venus à la conclusion que ces avancées
technologiques profitaient également à l’enseignement formel offert
dans les établissements postsecondaires. Tous trois chercheurs à
Concordia, MM. Robert Bernard, Eugene Borokhovski et Richard Schmid
faisaient partie d’une équipe dont l’objectif était de déterminer
dans quelle mesure les choses avaient changées au cours des deux
dernières décennies : des présentations PowerPoint à la réalité
virtuelle; de l’époque où les ordinateurs fonctionnaient au moyen de
disquettes, jusqu’à aujourd’hui, où pratiquement chaque étudiant
possède un téléphone intelligent.
Ils ont constaté que, parmi les effets positifs des technologies sur
l’enseignement, les plus évidents concernent les outils cognitifs -
qui servent à montrer aux apprenants les notions étudiées - par
exemple, une démonstration sur la division cellulaire, ou encore sur
les particularités d’un organe interne chez un patient.
De tels outils permettent aux étudiants d’explorer la matière plus
en profondeur, notamment au moyen de simulations, de jeux et
d’environnements d’apprentissage virtuels.
"Aujourd’hui, il y a peu de limites aux images et aux objets que
les apprenants peuvent visualiser ou manipuler. N’eût été les
avancées technologiques, de telles activités de formation seraient
impossibles", affirme Robert Bernard. "Grâce aux
technologies, nous pouvons faire exploser accidentellement un
laboratoire sans tuer personne".
Imbrication de l'internet et de l'enseignement
L’Internet a également permis aux étudiants de prendre les commandes
quand vient le temps d’explorer de l’information et des idées. Mais
quelle somme d’information au juste peut-on absorber uniquement en
regardant des pages Web au hasard ?
Selon Eugene Borokhovski, les directives les meilleures sont
structurées et pertinentes. "Lorsque vous échangez des idées et que
vous expérimentez avec vos pairs, l’encadrement d’un enseignant vous
pousse à être proactif, et ce, à un degré que vous ne pouvez
atteindre seul".
Les chercheurs de Concordia ont en outre observé que la
communication face à face entre camarades de classe demeure un
aspect essentiel de l’apprentissage au collégial ou à l’université.
Garder le contact entre collègues est plus facile que jamais.
Toutefois, c’est dans le milieu d’apprentissage commun que les
relations se tissent, un phénomène plus difficile à reproduire en
ligne.
"Les étudiants apprennent énormément les uns des autres",
affirme Richard Schmid. "Toutefois, sans tomber dans la parabole
des aveugles, la connaissance ne peut uniquement provenir de pairs.
Pourtant, une grande partie de l’apprentissage découle de la
capacité d’échanger des idées et de les mesurer à celles de ses
camarades".
La vie commence au-delà de l'internet...
Par ailleurs, la vie sur le campus comme microcosme de la société en
général continue d’exercer une profonde influence sur la croissance
de l’individu. "On ne peut sous-estimer la crédibilité qui vient
avec l’expérience", explique le chercheur. "Cela demeure une
étape très importante sur le plan social".
Alors, même si chaque détail présenté aux étudiants des collèges ou
des universités peut tout aussi bien se trouver sur Google, les
établissements d’enseignement postsecondaire ne risquent pas de
perdre leur valeur inhérente.
"Essayez d’imaginer l’effort nécessaire pour voir au-delà des
notions les plus évidentes", ajoute M. Bernard. "Si vous
voulez vraiment apprendre comment écrire en langage codé ou devenir
médecin, ou encore vous attaquer à n’importe quel processus qui
exige temps et concentration, il faut savoir qu’il y a une raison
pour laquelle ces aptitudes complexes ne viennent pas naturellement
à tout le monde".
"Les gens ont tendance à croire que les technologies rendent tout
de plus en plus facile, alors que c’est souvent le contraire",
mentionne M. Borokhovski. "À ses débuts, Internet ajoutait de la
valeur au processus d’apprentissage. Toutefois, cette vague ne s’est
pas poursuivie avec chaque nouvelle avancée. Aujourd’hui, plutôt que
de sauter d’une tendance à l’autre, nous devons aborder
l’apprentissage dans une perspective plus large".
Publié dans la revue Computers & Education, le compte rendu
de cette recherche est l’aboutissement de 20 ans d’analyse de
données recueillies dans le cadre de 1105 cours depuis 1990, année
de naissance du Web.
Source principale :
Technology Integration in Postsecondary Education: A Summary of
Findings of a Series of Meta-Analytical Research.
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