|
Un
îlot de Langerhans. L'insuline est produite par les cellules
bêta, qui en constituent 65 à 80% et se situent au centre. |
"Pour certains patients, la transplantation
d’un pancréas peut s’avérer une option, mais cette intervention
comporte des risques importants, et la chirurgie implique souvent
des soins spécialisés dispensés dans une unité de soins intensifs
ainsi qu’une hospitalisation qui peut durer jusqu’à un mois",
explique le Dr Steven Paraskevas, directeur du
programme de
transplantation d'îlots pancréatiques et du pancréas au CUSM.
Cette intervention, qui ne nécessite pas de chirurgie et qui réduit
de 10 fois la durée du séjour à l’hôpital, constitue une percée
importante dans le traitement du diabète de type 1; il s’agit
également de la première étape de ce que les chercheurs espèrent
être la création d’un réseau régional de distribution pour ce
traitement novateur.
"Comme la transplantation d’îlots pancréatiques est à effraction
minimale, elle représente une amélioration incroyable pour les
patients et pour le système de santé, car elle réduit les risques et
les taux d’infection, et raccourcit la période de convalescence; de
plus, avec cette technique, les séjours à l’hôpital se mesurent en
heures ou en jours plutôt qu’en semaines", ajoute le Dr
Paraskevas.
Pour la patiente Zohra Nabbus, originaire de Pointe-Claire, au
Québec, vivre avec le diabète de type 1 était devenu un défi de plus
en plus exigeant. Après une transplantation de rein et une
transplantation du pancréas qui n’avait pas fonctionné, les épisodes
d’hypoglycémie se faisaient plus fréquents. "J’en étais rendue à un
point où je ne pouvais plus rester seule; aussi, lorsque j’ai
entendu dire que le CUSM avait mis au point la technique de
transplantation d’îlots pancréatiques, il n’y avait aucun doute dans
mon esprit; je voulais recevoir ce traitement", explique-t-elle.
Des résultats beaucoup plus rapides que prévu
L'intervention a débuté en mai, lorsque les cellules ont pu être
prélevées du pancréas d'un donneur compatible. Ce processus
particulièrement délicat n'a été rendu possible qu'au terme de
plusieurs années d'expériences médicales pratiques et
d'investissement dans cette technologie. 48 heures plus tard, les
îlots ainsi isolés étaient directement injectés dans le foie de la
patiente au moyen d'un cathéter introduit dans l'abdomen sans
intervention chirurgicale.
"Une fois que les cellules ont été transfusées dans le foie, nous
avons surveillé la patiente et avons attendu", commente le Dr
Benoit Gallix. "Quelques jours après l’intervention, la patiente
a commencé à produire elle-même de l’insuline; plusieurs semaines
plus tard, elle était devenue complètement non insulino-dépendante.
L'ensemble de l’intervention n’aurait pas pu mieux se dérouler".
Une nouvelle technologie à la base de ce
succès
Dr Benoit Gallix précise aussi que l’ensemble du processus n’a
nécessité qu’une seule infusion, plutôt que les deux ou trois
prévues par les chercheurs. "Notre équipe a fait évoluer le
protocole établi en utilisant une nouvelle pièce d’équipement
technologique appelée Giner Portable Pancreas Persufflation™ System,
qui maintient le pancréas bien oxygéné une fois qu’il est prélevé du
donneur, avant que les îlots soient isolés", a commenté Craig
Hasilo, directeur du Laboratoire de transplantation d’îlots humains.
"Nous croyons que cette technique a permis la transplantation de
cellules de meilleure qualité, réduisant ainsi la nécessité de
procéder à de multiples infusions".
Auparavant, la technique de greffe d'îlots
pancréatiques exigeait l'utilisation de plusieurs pancréas afin d'en
isoler en suffisance. Ceux-ci étaient ensuite introduits par la
veine porte du receveur au cours d'une ponction sous échographie, et
nécessitait par la suite un lourd traitement chronique par
médicaments anti-rejets. Le succès n'était souvent que partiel, et
exigeait la poursuite des injections d'insuline, quoique à doses
moindres. Cette dépendance s'accroissait cependant avec le temps et
la guérison n'était pas complète.
La nouvelle vie de Zohra Nabbus.
"Après avoir vécu pendant 35 ans avec le diabète de type 1, il
est difficile de se débarrasser de l’habitude de planifier ses
repas, de surveiller son taux de glycémie ou de préparer ses
injections d’insuline, mais, finalement, j’y arrive", dit-elle.
"J’ai plus de liberté et de souplesse pour vivre ma vie et je me
sens beaucoup plus en sécurité".
Considérée comme un traitement novateur au Canada, faisant d'une
étude aux fins d'approbation par la Food and Drug Administration
(FDA) aux Etats-Unis et déjà reconnue pour le traitement du diabète
au Royaume-Uni et en Europe, la transplantation d’îlots
pancréatiques par la nouvelle méthode instiguée par l’Institut de
recherche du CUSM fournit un immense espoir de guérison pour les
millions de personnes atteintes de diabète de type 1 dans le monde
entier.
|