Prévoir les conditions climatiques hivernales
en Europe plusieurs années à l'avance relevait jusqu'ici du rêve, au
mieux de la science-fiction. Le rêve est en passe de rejoindre la
réalité. Mille ans d’évolution de la
circulation atmosphérique autour de l’océan Atlantique Nord ont été
décryptés avec une finesse jamais atteinte, grâce aux chercheurs du
laboratoire Environnements et paléoenvironnements océaniques
(EPOC/OSUA, Université Bordeaux / CNRS) et du Laboratoire des
sciences du climat et de l’environnement (LSCE/OVSQ, CEA / CNRS /
UVSQ), associés à une collaboration internationale. Aussi connues
comme l’Oscillation Nord Atlantique (NAO), les variations de cette
circulation définissent les changements de pression entre
l’anticyclone des Açores et la dépression d’Islande, impactant le
climat de l’hémisphère nord, en particulier le climat hivernal de
l’Europe.
De nombreux travaux sont en cours pour prévoir l’Oscillation Nord
Atlantique (NAO), d’une saison à l’autre. Ces variations de
circulation de l’air autour de l’océan Atlantique Nord impactent le
climat de l’hémisphère nord, et plus particulièrement de l’Europe,
en hiver. Prévoir la NAO permettrait donc d’anticiper les conditions
climatiques hivernales de l’Europe (précipitations, températures…).
Mais pour évaluer la possibilité d'une prévision de la NAO sur une
dizaine d’années, il est essentiel d’étudier sa variabilité passée à
plus long terme, à l'échelle du millénaire.
Bien renseignées depuis le début du XIXe siècle, les variations de
la NAO ne peuvent qu’être estimées à partir de mesures indirectes
sur la période du dernier millénaire. Une première étude suggérait
que, pendant la période médiévale, la NAO était « bloquée » en phase
positive : c’est-à-dire que la différence de pression atmosphérique
entre les Açores et l’Islande était toujours plus forte que la
moyenne. Quand la NAO est en phase positive, les tempêtes hivernales
sont dirigées vers le centre et le nord de l'Europe, où les hivers
sont alors doux et humides, tandis que les hivers du sud de l'Europe
et du Groenland sont plus froids et secs.
Cette anomalie de la circulation atmosphérique était jusque-là
proposée comme une explication des conditions climatiques douces de
l’Europe centrale et de l’Europe du nord pendant la période
médiévale.
Une nouvelle méthode d’estimation, consolidée par les simulations
Dans la présente étude, les chercheurs ont construit une nouvelle
estimation des variations de la NAO au cours du dernier millénaire,
avec une résolution plus fine (année par année). Pour cela, ils ont
pris en compte 48 enregistrements climatiques, issus d'archives
naturelles autour de l'océan Atlantique.
|