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Le 14 juillet prochain, la sonde américaine
New Horizons croisera la planète Pluton au terme d'un voyage de 5
milliards de kilomètres parcourus en 9 années. Nous disons bien
"planète", car celle-ci n'a été déchue de son titre et réduite au
rang de "planète naine" que 7 mois après le lancement de la sonde
depuis Cap Canaveral…
New Horizons, dont les dimensions approchant celles d'un honnête
piano à queue pour une masse de 478 kg, approche à grands pas de sa
destination prioritaire, Pluton, avec pour mission de l'examiner au
plus près. Mission d'autant plus importante que cette planète est à
peine observable depuis la Terre, et que sa distance ne permettra
plus de l'examiner in situ avant de nombreuses années.
Cependant, un obstacle sérieux reste à surmonter. Une bonne
observation de Pluton est tributaire de l'orientation des
instruments de la sonde, et ce tout au long de son passage à grande
vitesse à proximité, une mise en orbite étant inenvisageable pour
des raisons énergétiques. Or pour cela, il est impératif de
connaître avec exactitude la distance à laquelle New Horizons
croisera la planète, faute de quoi ses instruments risquent tout
simplement de pointer dans le vide…
C'est une mission délicate que mène à distance l'ingénieur québécois
Frédéric Pelletier et son équipe, chargés de positionner la sonde
américaine New Horizons, qui approche à grands pas de sa destination
finale, Pluton. L'ingénieur, établi à Québec et qui travaille pour
Kinet X, un sous-traitant de la NASA, a la tâche de s'assurer que la
sonde se dirige le plus près possible du centre de Pluton d'où elle
pourra tirer des données précieuses pour les scientifiques.
"Toute l'équipe scientifique se fie sur nous pour être à la bonne
place parce que plus on approche, plus Pluton grossit et plus ça
devient important d'avoir la bonne position relative parce que sinon
à un moment, donné la caméra ne sera pas pointée sur la cible",
mentionne M. Pelletier.
Pour ce faire, l'ingénieur analyse constamment sur son ordinateur, à
la maison, les données qui lui parviennent, images et signaux radio,
pour vérifier la position de la sonde et corriger la trajectoire
afin de s'assurer qu'elle atteindra la cible qui se précise. "Au
départ, Pluton, notre cible, est incertaine. On ne sait pas
exactement où elle est. On a une incertitude d'à peu près 1000 km
sur la position de Pluton et les scientifiques nous demandent de
réduire cette incertitude à 100 km ou 150 km", explique Frédéric
Pelletier.
L'opération est d'autant plus délicate qu'elle demande d'analyser
rapidement de nombreuses données venant de la sonde, une opération
rendue particulièrement délicate eu égard à la durée de transmission
des émetteurs entre Pluton et la Terre, soit 4 heures et 30 minutes
à la vitesse des ondes radio, et autant pour les instructions qui
lui sont envoyées. On ne peut pas parler d'un dialogue…
L'ingénieur estime que la sonde est en bonne voie d'atteindre sa
cible. Frédéric Pelletier quittera Québec dans les prochains jours
afin de participer aux dernières manœuvres d'approche depuis le
centre de contrôle avec son équipe au Maryland.
Jean Etienne
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