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2 juillet 2015 |
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Deux bouteilles
en plastique nous renseignent sur la dynamique océanique |
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Deux bouteilles en plastique échouées sur les
plages d’Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, ont permis à deux chercheurs
du Laboratoire de physique des océans de l'Ifremer de tester la
capacité d'un modèle numérique à expliquer le transit des déchets
flottants entre deux archipels de la mer de Corail distants de 1300
à 1700 kilomètres.
Depuis les premiers relevés effectués dans la mer des Sargasses au
début des années 1970, la pollution de l’environnement marin par les
déchets plastiques s’est accentuée et est reconnue aujourd’hui comme
un problème planétaire. On estime à plus de cinq trillions, soit
5.000 milliards, le nombre de déchets de plastique flottant à la
surface des océans, dans les mers côtières ou au large, formant des
moyens de transport privilégiés pour quantité de virus et autres
bactéries qui les colonisent et peuvent ainsi se propager d'une côte
à l'autre, voire d'un continent à l'autre, avec une efficacité
jamais observée auparavant.
L'accumulation de ces déchets dans des endroits spécifiques tels la
mer Méditerranée ou le golfe du Bengale, voire certaines cellules de
convergence subtropicales considérées par certains scientifiques
comme un "sixième
continent", suggère que les courants marins de surface jouent un
rôle capital dans leur distribution géographique, avec pour
conséquence de mettre en connexion des régions distantes.
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Le sixième
continent, également surnommé le « pacific trash vortex », existe
bel et bien. Un véritable fléau pour la faune et la flore maritimes.
Symbole extrême de l’insupportable pollution des océans, il est
suivi par les Nations unies et dénoncé par de nombreuses
associations et ONG internationales comme Greenpeace et la Surfrider
Fondation, depuis plusieurs années. |
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Deux bouteilles en plastique
Divers débris marins échoués en 2011 sur les plages d’Ouvéa (20.5°S
- 166.5°E), l’une des îles Loyauté de l’archipel de la
Nouvelle-Calédonie, et tout particulièrement deux bouteilles en
plastique en relativement bon état, ont permis à deux chercheurs du
LPO/IUEM (Laboratoire de Physique des Océans / Institut
Universitaire Européen de la Mer) d'étudier la capacité des courants
marins de la mer de Corail à transporter des déchets
macro-plastiques sur de longues distances.
Des débris marins, notamment deux bouteilles en plastique en
relativement bon état, ont été retrouvés en 2011 sur les plages
d’Ouvéa (20.5°S - 166.5°E), l’une des îles Loyauté de l’archipel de
la Nouvelle-Calédonie. En excluant délibérément l’hypothèse d’un
rejet local (la région est en effet visitée par des navires
commerciaux), deux chercheurs du LPO ont examiné la possibilité
d’une provenance compatible avec les étiquettes d’origine de ces
bouteilles, c’est-à-dire les îles Salomon et la
Papouasie-Nouvelle-Guinée situées à 700 - 900 milles nautiques (1300
- 1700 km) d’Ouvéa, en étudiant la capacité des courants marins de
la mer de Corail à transporter des déchets macro-plastiques sur de
longues distances entre ces archipels.
Les chercheurs ont simulé les trajectoires de dérive et les temps de
transfert de plus de 5 millions de particules numériques à l’aide du
modèle lagrangien Ariane, développé au LPO pour l’étude plus
générale du mouvement de masses d’eau dans les champs de vitesse de
modèles de circulation océanique générale. Pour ce faire ils ont
utilisé les courants de surface calculés avec le Layered Ocean Model
(NLOM) par le Naval Research Laboratory sur la période 2010-2011
avec une résolution horizontale d’environ 3 km.
Les résultats de ces simulations montrent que des objets flottants
peuvent effectivement voyager des deux archipels considérés (îles
Salomon et Papouasie-Nouvelle-Guinée) aux plages d’Ouvéa, ce qui
indique que ces archipels sont connectés à l’île d’Ouvéa via les
courants de surface, et qu’une cinquantaine de jours leur suffit
pour réaliser cette traversée, une durée cohérente avec le bon état
des bouteilles. Ce travail met aussi en lumière le rôle essentiel de
la composante nord-sud des courants de surface dans cette dérive,
dans une région océanique plutôt connue pour ses forts courants
est-ouest.
Enfin, la disponibilité de trajectoires de surface réelles dans la
mer de Corail a permis aux chercheurs d’apprécier la robustesse de
leurs résultats. Ces trajectoires réelles, que les chercheurs ont pu
récupérer via le portail de l’Atlantic Oceanographic and
Meteorological Laboratory, sont celles de flotteurs dérivants. Il
s’avère que huit de ces flotteurs dérivants étaient présents, entre
1979 et 2015, sur le domaine d’étude et qu’ils ont traversé ce
domaine du nord au sud selon des trajectoires qui confirment la
pertinence des trajectoires et des temps de dérive calculés avec le
modèle Ariane, et attestent de ce fait la qualité des courants de
surface calculés avec NLOM.
Cette étude a permis de montrer que la connaissance de l’origine
d’objets dérivants est une information précieuse pour tester et
améliorer la connaissance et la simulation de la circulation
océanique à petite échelle.
Source :
Tracking the origins of plastic debris across the Coral Sea: A case
study from the Ouvéa Island, New Caledonia. Christophe Maes
et Bruno Blanke, Marine Pollution Bulletin, 2015.
doi:10.1016/j.marpolbul.2015.06.022.
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Courants de
surface modélisés pour la fin du mois d’avril 2011 (flèches) et
détail des trajectoires les plus rapides connectant les îles Salomon
à l’île d’Ouvéa en mai 2011 (ligne bleue, en 52,4 jours), en août
2011 (ligne verte, en 61,4 jours) et en novembre 2011 (ligne rouge,
en 60,3 jours). Les contours violets figurent le domaine couvert par
la simulation du modèle et peuvent s’assimiler aux limites
extérieures des récifs coralliens. Crédit : CNES. |
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