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Le tout premier
émetteur construit en Italie par Marconi. |
Le ministre italien des postes et
communications de l'époque ayant déclaré l'invention de Marconi "non
appropriée aux télécommunications", celui-ci se tourna vers la
patrie d'origine de sa mère, l'Angleterre, qui lui accorda l'argent
et les techniciens nécessaires à la poursuite de ses expériences.
D'abord 15, puis 30, bientôt cent kilomètres, la radiotélégraphie
devenait rapidement une réalité. Cependant il restait une étape
capitale à franchir, la transmission transatlantique. Suivant les
savants, c'était rigoureusement impossible, à cause de la rotondité
de la Terre. Mais Marconi avait désormais l'habitude de ces choses
"impossibles"…
La station émettrice fut construite sur le site de Poldhu, dans les
Cornouailles, dans le sud-ouest de l'Angleterre. Composée de 20 mâts
de 65 mètres de hauteur reliés par de multiples conducteurs, elle
fut d'abord entièrement détruite par une tempête en septembre 1901.
Marconi et ses assistants se remettent au travail et bientôt
détiennent un émetteur cent fois plus puissant que tout ce qui
existait jusqu'alors.La
station réceptrice fut conçue sur le même modèle à Cap Cod, dans le
Massachusetts. A deux reprises, elle fut aussi balayée par des
tempêtes, avant que Marconi ne décide d'implanter ses installations
à Signal Hill (un nom prédestiné !) dans un ancien hôpital de
Terre-Neuve, au Canada. Mais cette fois, les antennes seraient
supportées par cerf-volant ou par ballon.
Depuis début décembre 1901, Poldhu émettait sans discontinuer les
trois points de la lettre S en alphabet Morse au moyen d'un émetteur
fabriqué par Marconi, alimenté par une génératrice animée par un
moteur de 32 cv fonctionnant au pétrole fournissant les 2000 volts
nécessaires pour une émission de 25 kW à une fréquence de 328 kHz.
Mais de nombreux réglages, ainsi que des aléas météorologiques
entraînant la perte de plusieurs ballons ou cerf-volants entravaient
les expériences.
Le 12 décembre 1901, à 12 heures 30, Marconi perçut enfin dans ses
écouteurs le signal tant attendu. Après plusieurs autres tentatives
réussies jusqu'au 14 décembre, le jeune chercheur pouvait enfin
annoncer le succès de ses expériences à la face du monde. Et en
cette première année du siècle, l'humanité se préparait à changer de
visage et basculait dans l'ère des télécommunications.
La suite, on la connaît. Le développement de la radiotélégraphie
sera fulgurant, et ce seront d'abord les secours en mer qui en
bénéficieront. Déjà durant l'hiver 1899-1900, un appel à l'aide
(CQD, suivant le code de l'époque) avait permis de sauver les 27
membres d'équipage du cuirassé russe Amiral d'Apraxine. Puis en
1906, la conférence radiotéléphonique de Berlin aboutit à une
convention signée par 27 états, qui officialisait le code d'appel au
secours SOS, celui-ci remplaçant obligatoirement l'ancien CQD.
Non, le Titanic n'était pas le premier
Ce SOS sera employé pour la première fois, non par le Titanic, mais
trois ans plus tôt par le paquebot anglais Republic qui, venant de
New York, se fait aborder par le paquebot italien Florida venant en
sens inverse. Le télégraphiste John Binns arrive alors à remettre en
état son transmetteur radio endommagé par la collision et, tandis
que son navire coule, transmet le fameux signal accompagné de
nombreux "Marconigrammes". Ceux-ci seront reçus par le paquebot
allemand Baltic, qui se détourne et sauve 1700 personnes. A la suite
de cette catastrophe, le dispositif de télégraphie sans fil sera
rendu obligatoire à bord de tous les grands paquebots.
Aujourd'hui, des milliards d'impulsions comme celle qui, jadis,
transmirent cette simple lettre S, sont envoyées à travers l'espace
chaque seconde. L'article que vous êtes en train de lire a rebondi
sur un nombre indéterminé de satellites de communication à 36.000 km
de la Terre, et plus personne ne pense à Marconi lorsqu'il empoigne
son téléphone portable. Et pourtant, peu d'inventions ont marqué
l'humanité de manière aussi indélébile que les transmissions sans
fil.
Jean Etienne
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