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24
février 2015 |
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L'acidification des
océans démontrée par les satellites |
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Une étude menée par une équipe de
scientifiques internationaux impliquant des chercheurs de
l'Université d'Exeter (Royaume Uni), de Plymouth Marine
Laboratory (Royaume Uni), de l'Agence Spatiale Européenne et de
l'Ifremer démontre l'intérêt d'utiliser les satellites pour
surveiller l'acidification des océans.
Gravitant autour de la terre à plus de 700 km de distance, les
satellites équipés de différents instruments embarqués permettent
d'accéder à des informations géophysiques essentielles telles que la
salinité et la température. Combinées, ces mesures peuvent être
utilisées pour évaluer l'acidification des océans sur des zones
beaucoup plus vastes et bien plus rapidement qu'avec les méthodes
utilisées précédemment par la communauté scientifique. Cela devrait
largement améliorer la façon dont les biologistes marins et les
spécialistes du climat étudient l'océan.
Chaque année, plus d'un quart des émissions mondiales de CO² issues
de la combustion de matières fossiles et de la production de ciment
se retrouvent dans les océans. Ce processus rend l'eau de mer plus
acide et menace une partie de la biodiversité marine. Au cours du
prochain siècle, l'augmentation des émissions de CO² et l'acidité
croissante de l'eau de mer risquent de fragiliser davantage les
écosystèmes marins, d'où la nécessité de pouvoir suivre
attentivement l'évolution de l'acidité des océans.
L'équipe de chercheurs propose des méthodes nouvelles pour estimer
et surveiller l'acidité des océans depuis l'espace. Leurs résultats
ont été publiés le 17 février dans la revue internationale
Journal of Environmental Science and Technology. |
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Le satellite
SMOS de l'ESA. Crédit : ESA. |
"Les satellites vont jouer un rôle de
plus en plus important dans la surveillance de l'acidification des
océans, en particulier dans les eaux éloignées et souvent
dangereuses comme l'Arctique," explique Jamie Shutler de
l'Université d'Exeter qui a dirigé l'étude.
"Il est à la fois difficile et coûteux de réaliser des mesures
sur le terrain tout au long de l'année dans des endroits
inaccessibles. Nous développons ces techniques innovantes pour
surveiller de vastes zones des océans. Cela nous permet d'identifier
rapidement et facilement les zones les plus concernées par
l'acidification croissante" précise t-il.
"Jusqu'à présent, les mesures de température, mais surtout de
salinité, données essentielles pour déterminer l'acidité, étaient
réalisées grâce à des instruments in situ et pendant des campanes en
mer" souligne Nicolas Reul, chercheur au Laboratoire
d'Océanographie Spatiale du Centre Ifremer Bretagne et l'un des
auteurs de l'étude. L'approche traditionnelle limite donc
l'échantillonnage à de petites zones de l'océan. "La surveillance
par satellite est par conséquent cruciale pour obtenir une vision
globale des océans", souligne Nicolas Reul de Ifremer.
La méthodologie proposée par cette équipe internationale utilise
l'ensemble des technologies instrumentales embarquées sur différents
satellites pour mesurer des données géophysiques essentielles, comme
la température de l'océan à l'aide de caméras thermiques notamment
ainsi que la salinité grâce aux capteurs à micro-ondes de grande
longueur d'onde.
Un certain nombre de satellites existants peuvent être utilisés pour
ce faire, notamment la mission
SMOS (Soil
Moisture and Ocean Salinity) de l'Agence Spatiale Européenne
lancée en 2009 et la mission Aquarius de la NASA lancée en 2011, qui
permettent de mieux évaluer la salinité de surface et les variations
de l'acidité.
Ces technologies invitent au développement d'autres capteurs
satellite, afin d'atteindre une meilleure résolution des images,
notamment au regard de l'enjeu que constitue la surveillance de
l'acidification des océans sur l'ensemble de la planète.
Sources :
>>> Satellite images reveal ocean acidification from
space (Université d'Exeter)
>>> Salinity from Space Unlocks Satellite-Based
Assessment of Ocean Acidification (Environmental Science &
Technology)
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Assemblant les
données de salinité de SMOS avec des mesures de température par
satellite surface de la mer et des données auxiliaires
supplémentaires, il est possible de travailler sur le pH de l'eau de
mer et donc fournir des informations précises pour aider à résoudre
le problème croissant de l'acidification des océans. Cette carte
montre les premières estimations de la surface de l'océan pH en
utilisant cette nouvelle approche de la fusion des données
différentes, qui va encore aider les biologistes de l'océan et les
climatologues étudient les océans du monde. Crédit : ESA. |
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