|
11
janvier 2015 |
|
Le réchauffement
climatique est-il un phénomène naturel ? |
|
|
Une analyse des données de
température depuis l'an 1500 permet d’écarter la possibilité que le
réchauffement climatique à l’ère industrielle ne soit qu’une
fluctuation naturelle du climat de la Terre, et ce avec une
probabilité d'exactitude de 99%, révèle une nouvelle étude réalisée
par Shaun Lovejoy, professeur de physique à l’Université McGill.
Cette étude, publiée dans la revue scientifique
Climate Dynamics, représente une nouvelle approche visant à
déterminer si le réchauffement climatique à l’ère industrielle
résulte essentiellement d’émissions de gaz à effet de serre
provenant de la combustion de combustibles fossiles par l’homme.
Plutôt que de recourir à des modèles informatiques complexes pour
estimer les effets des émissions de gaz à effet de serre, le
professeur Lovejoy a analysé des données historiques afin d’étudier
l’hypothèse concurrente : le réchauffement observé au cours des cent
dernières années serait attribuable à des variations naturelles de
la température à long terme.
"Cette étude portera un dur coup à ceux qui s’obstinent à nier
l’existence des changements climatiques d’origine anthropique",
affirme le professeur Lovejoy. "Leurs deux arguments les plus
convaincants – le réchauffement serait d’origine naturelle, et les
modèles informatiques ne sont pas fiables – sont directement réfutés
par cette analyse, ou ne peuvent y être appliqués".
Dans le cadre de son étude, le professeur Lovejoy a eu recours à une
méthode statistique afin de déterminer la probabilité que le
réchauffement climatique observé depuis 1880 soit attribuable à une
variabilité naturelle. Sa conclusion : l’hypothèse du réchauffement
naturel peut être écartée "avec un seuil de confiance supérieur à
99 % et, vraisemblablement, supérieur à 99,9 %".
Afin d’évaluer la variabilité naturelle en regard d’une importante
ingérence de l’homme, le professeur Lovejoy a eu recours à des "reconstructions
climatiques avec multiples indicateurs" conçues par des
scientifiques au cours des dernières années afin d’estimer les
températures historiques, ainsi qu’à des techniques d’analyse des
fluctuations issues de la géophysique non linéaire. Ces
reconstructions climatiques tiennent compte d’une variété
d’indicateurs que l’on trouve dans la nature, comme les anneaux de
croissance des arbres, les carottes glaciaires et les sédiments
lacustres. Les techniques d’analyse des fluctuations permettent en
outre de comprendre les variations de température sur une grande
gamme d’échelles de temps (ex., quelques secondes à quelques
millions d’années).
En ce qui a trait à l’ère industrielle, l’analyse du professeur
Lovejoy portait sur le dioxyde de carbone résultant de la combustion
de matériaux fossiles, un bon indicateur de l’ensemble des
influences climatiques attribuables à l’homme – un choix justifié
par le lien étroit entre l’activité économique mondiale d’une part
et l’émission de gaz à effet de serre et la pollution particulaire
d’autre part. "Cette approche novatrice permet de tenir compte
implicitement des effets de refroidissement de la pollution
particulaire qui demeurent mal quantifiés dans les modèles
informatiques", ajoute le chercheur.
|
|
|
|
|
Evolution comparée
de la concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère
(en rouge) et de la température moyenne dans l'atmosphère (en bleu). |
|
|
Bien que cette nouvelle étude ne fasse
aucun usage des puissants modèles informatiques utilisés couramment
par les scientifiques pour estimer l’importance des futurs
changements climatiques, les résultats obtenus par le professeur
Lovejoy viennent compléter efficacement ceux du Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Son étude permet de prédire, avec un intervalle de confiance de 95
%, que le doublement du taux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère
entraînerait un réchauffement climatique de l’ordre de 1,9 à 4,2
degrés Celsius. Cet intervalle est conforme à celui du GIEC, qui
prédit que la température augmenterait de 1,5 à 4,5 degrés Celsius
si la concentration en dioxyde de carbone doublait, mais il est plus
précis.
"La température moyenne a connu d’importantes fluctuations depuis
1880, de l’ordre de 0,9 degré Celsius environ", affirme le
professeur Lovejoy. "Cette étude montre que la probabilité que ce
changement soit attribuable à une fluctuation naturelle du climat de
la Terre se chiffre à moins d’un pour cent et se situe plus
vraisemblablement à moins d’un pour mille".
"Bien que le rejet statistique d’une hypothèse ne puisse
généralement pas être utilisé pour conclure à la validité d’une
hypothèse concurrente, dans bien des cas ‒ dont celui-ci ‒ le rejet
d’une hypothèse accroît considérablement la vraisemblance de l’autre".
Source principale :
Scaling fluctuation analysis and statistical hypothesis testing of
anthropogenic warming, S. Lovejoy, Climate Dynamics.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|