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10
janvier 2015 |
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Découverte d’un sursaut
d'ondes radio d'une nouvelle catégorie |
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La découverte d’un sursaut
ultrarapide d’ondes radios par des scientifiques au moyen du
radiotélescope d’Arecibo, à Porto Rico, fournit de nouvelles preuves
convaincantes de l’existence de mystérieuses impulsions qui semblent
provenir des profondeurs de l’espace.
Cette découverte effectuée par une équipe internationale
d’astronomes a fait l’objet d’un article publié dans la revue
scientifique
The Astrophysical Journal. Des scientifiques de
l’Observatoire Parkes, en Australie, avaient déjà décelé de telles
impulsions à quelques reprises, mais l’absence d’observations
similaires par d’autres installations avait incité les spécialistes
à se demander si l’appareil australien n’avait tout simplement pas
capté des signaux provenant de sources situées sur ou à proximité de
la Terre. Mais pour la première fois, un tel sursaut radio
ultrarapide a été détecté à la fois par le radiotélescope Parkes
ainsi qu'à l’aide d’un autre instrument.
"Notre découverte est importante, car elle permet d’affirmer hors
de tout doute que ces sursauts radios sont d’origine cosmique",
affirme Victoria Kaspi, professeure d’astrophysique à l’Université
McGill, à Montréal, et chercheuse principale du projet ayant mené à
la découverte de ce phénomène. "Selon toute vraisemblance, les
ondes radios proviennent des confins de l’espace extragalactique,
une perspective extrêmement intéressante".
La cause exacte de ces sursauts radios représente une nouvelle
énigme de taille pour les astrophysiciens. Les possibilités incluent
un large éventail de phénomènes astrophysiques insolites, comme
l’évaporation de trous noirs, les collisions entre étoiles à
neutrons, ou les sursauts de magnétars ‒ un type d’étoile à neutrons
ayant un champ magnétique extrêmement intense.
"Il se peut également que ces sursauts soient beaucoup plus
brillants que les gigantesques sursauts de certains pulsars",
précise James Cordes, professeur d’astronomie à l’Université Cornell
et coauteur de la nouvelle étude.
L’étrange sursaut a été détecté le 2 novembre 2012 à l’Observatoire
d’Arecibo, une installation commanditée par la Fondation nationale
des sciences (Etats-Unis) qui possède et opère le radiotélescope le
plus grand et le plus sensible au monde, doté d’une antenne
parabolique de 305 mètres de diamètre couvrant une superficie
approximative de 20 acres.
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Le radiotélescope
d'Arecibo, à Porto-Rico. |
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Si les sursauts radios ultrarapides ne
durent que quelques millièmes de secondes et sont rarement détectés,
l’équipe internationale de scientifiques ayant fait état de la
découverte d’Arecibo confirme les estimations précédentes selon
lesquelles ces étranges phénomènes cosmiques se produisent environ
10.000 fois par jour dans le ciel. Ce nombre incroyablement élevé a
été établi statistiquement en mesurant la partie du ciel observée,
ainsi que la durée de l’observation ayant permis de déceler les
rares sursauts rapportés jusqu’à maintenant.
"L’éclat et la durée de ce phénomène, ainsi que la fréquence
présumée de ces sursauts, concordent tous avec les propriétés des
sursauts déjà détectés par le télescope Parkes, en Australie",
affirme Laura Spitler, auteure principale du nouvel article. La
scientifique, maintenant chercheuse postdoctorale à l’Institut de
radioastronomie Max Planck, à Bonn, en Allemagne, était doctorante à
l’Université Cornell lorsque les travaux ont été amorcés.
Selon la mesure d’un effet appelé "dispersion du plasma", les
sursauts semblent provenir d’un endroit situé au-delà de la Voie
lactée. Les impulsions qui voyagent à travers le cosmos se
distinguent des interférences d’origine humaine par l’effet des
électrons interstellaires qui ralentissent le déplacement des ondes
radios de basses fréquences. Le sursaut détecté par le télescope
d’Arecibo affiche une dispersion maximale trois fois supérieure à
celle que posséderait une source située au sein de la Galaxie,
précisent les scientifiques.
Cette découverte a été réalisée dans le cadre de l’étude
PALFA
(Pulsar Pulsar Arecibo L-Band Feed Array) faisant appel à un
réseau de détecteurs d'ondes radio dans la bande L afin de découvrir
un vaste échantillon de pulsars ainsi que des objets rares
permettant d’étudier les aspects fondamentaux de la physique des
étoiles à neutrons et de mettre à l’épreuve certaines théories de la
physique gravitationnelle.
Des efforts ont été entrepris afin de détecter des sursauts radios à
l’aide de radiotélescopes dont la puissance permet l’observation de
vastes régions du ciel. Certains télescopes en construction en
Australie et en Afrique du Sud, ainsi que le télescope CHIME, au
Canada, sont en mesure de détecter des sursauts radios ultrarapides;
selon les astronomes, ces appareils, ainsi que d’autres nouvelles
installations, pourraient ouvrir la voie à d’autres découvertes,
ainsi qu’à une meilleure compréhension de ce mystérieux phénomène
cosmique.Source : "Fast
Radio Burst Discovered in the Arecibo Pulsar ALFA Survey,"
by L.G. Spitler, J.M. Cordes, et al. The Astrophysical Journal.
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Image optique de
la zone de la constellation du Cocher, où l'émission radio FRB
121102 a été détectée. L'origine de cette émission, située entre les
restes de la supernova S147 (à gauche) et dans la région de
formation d'étoiles IC 410 (à droite) est marquée d'un cercle vert.
Elle semble provenir d'un endroit beaucoup plus lointain dans
l'espace, bien au-delà de notre galaxie. CRÉDIT : Rogelio Bernal
Andreo (DeepSkyColors.com). |
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