Mauvaise estimation de la fonte du
glacier
Contrairement à ce qui se produit en Arctique, la perte des glaces
du continent antarctique, région la plus froide du monde, ne se
produit pas par fonte mais par vêlage, c'est-à-dire par la
séparation et la libération de pans de glacier en pleine mer,
subissant ainsi un déficit de glace qui n'est plus compensé par les
chutes de neige pourtant en augmentation. Mais de nombreux indices
montrent que la fonte de l'Antarctique n'est pas homogène. Les
scientifiques qui étudient les effets du réchauffement climatique
dans la région du Totten et dans l'Est-Antarctique craignent qu'un
réchauffement de l'eau et la montée de la mer puissent non seulement
accélérer la fonte de ce glacier, mais aussi déstabiliser une partie
importante de la calotte glaciaire de l'Antarctique-Est.
Le Totten a subi d'importantes variations saisonnières et même
interannuelles de perte de glace, notamment dans les années 2000,
avec une valeur oscillant entre 3,4 et 5,7 mètres d'épaisseur du
glacier, ce qui traduit une perte annuelle de 17 à 28 Gt/an. Mais en
2013, une nouvelle estimation montre un triplement de la vitesse de
fonte, portée à 63,2 (±4) Gt/an de glace, traduisant une parfaite
corrélation avec le réchauffement climatique.
Cette réduction de volume peut être due aux effets combinés de la
température du substrat rocheux sous-jacent, d’une éventuelle
augmentation de la température de l'air, et à celle du courant
circumpolaire antarctique. Des indices laissent penser que de l’eau
assez "chaude" pour faire fondre la glace, provenant
vraisemblablement du plateau continental, s’écoule ou circule sous
le Totten, beaucoup plus que sous les glaciers voisins, rendant
ainsi le Totten beaucoup plus vulnérable alors que les scientifiques
pensaient jusqu'ici le contraire.
Selon l'équipe australienne qui a exploré une partie du glacier et
de ses eaux de fonte lors de l'expédition conduite du 29 janvier au
16 mars 2014 sur le navire de recherche RVIB Nathaniel B Palmer, la
fonte du Totten contribuerait à lentement faire augmenter le niveau
des océans de 6 mètres.
Jean Etienne
Pour effectuer une simulation de la
montée des eaux océaniques,
voyez sur ce
site.
|